Assurance étudiante : bonne ou mauvaise dépense?
Par Maude Gauthier | Publié le 06 mai 2022
Certains frais se glissent subtilement dans nos factures. On ne les remarque pas, mais ils gonflent la note. Au fil du temps, ils peuvent avoir un sérieux impact sur notre budget. Éliminer ces frais, souvent inutiles et non obligatoires, permet d’allouer ces sommes vers un poste budgétaire plus efficace, comme le remboursement d’une dette ou l’épargne. C’est le cas des assurances étudiantes automatiquement facturées pour l’Alliance pour la santé étudiante au Québec (ASEQ). Celle-ci dessert plusieurs dizaines d’associations étudiantes de toutes les universités dans la province.
Avez-vous besoin de cette assurance?
Des millions de primes en assurance étudiante, à l’insu de plusieurs
La cagnotte pourrait atteindre 70 millions de dollars de primes par année. Avec plus de 200 000 étudiants dans les universités du Québec, leurs cotisations de quelques centaines de dollars s’accumulent rapidement. Même si chaque association étudiante peut négocier avec l’ASEQ et obtenir des tarifs différents, on parle par exemple d’environ 350 $ à 400 $ par année, par étudiant. Achetée par Corporation People en 2020, l’ASEQ (ou Studentcare en anglais) ne fait pas l’unanimité.
D’où viennent les frictions? De l’adhésion automatique à une protection qui est superflue pour plusieurs personnes. Cette assurance ne remplace pas la RAMQ ni un régime privé. Si vous êtes déjà assuré, il y a donc des chances que votre couverture soit suffisamment complète pour ne pas avoir besoin de l’ASEQ.
Ne pas souscrire à l’assurance étudiante est possible lorsqu’on est bien averti!
Si vous pensez ne pas avoir besoin de cette assurance et que vous avez une protection ailleurs, vous devrez vous rendre sur le site internet de l’ASEQ en début de session. Vous disposez d’une courte fenêtre pour annuler votre inscription, ne la ratez pas! Après avoir complété cette procédure, vous pourrez payer vos droits de scolarité en soustrayant le montant de l’assurance du total de votre facture.
La cotisation automatique vient avec son lot de frustrations, surtout quand on dépasse la date de quelques jours parce qu’on est distrait! Le mécanisme d’adhésion par défaut décourage bien des étudiants de se retirer, mais il permet un plus grand nombre d’adhérents et des cotisations individuelles moins imposantes.
Par contre, dans certaines situations, cette assurance peut être tout à fait rentable. Lesquelles?
Des bonnes raisons de payer votre assurance étudiante
Pour savoir si vous devriez payer votre assurance étudiante, il faut examiner ce qu’elle couvre et déterminer si elle comporte une valeur ajoutée pour vous.
Prenons l’exemple de la FAÉCUM (de l’Université de Montréal). La couverture santé inclut les vaccins, les services de psychologie, de chiropratique, de naturopathie, de diététique, de massothérapie et d’acupuncture. Les médicaments couverts sont les contraceptifs oraux et les antidépresseurs pour la portion non couverte par la RAMQ. Par exemple, pour la physiothérapie, vous pourriez obtenir 50 $ par visite jusqu’à concurrence de 750 $ par année. L’assurance peut aussi couvrir plusieurs autres services, comme une hospitalisation et des fournitures orthopédiques. Pour le soin de vos yeux, elle prévoit 150 $ pour des lunettes ou des lentilles, 60 $ par examen de la vue, en plus de certains montants pour le bris accidentel de lunettes et la correction au laser. De plus, pendant vos études, vous pourrez compter sur une bouche en santé : 1 000 $ est prévu pour les soins dentaires annuels. Et ce n’est pas tout, il y a aussi des assurances voyage!
Des questions à vous poser
Vrai, la couverture inclut une panoplie de services, mais elle ne vous sera guère utile si ce sont des services que vous n’utilisez pas. Voici quelques questions à vous poser avant d’annuler votre inscription :
- Êtes-vous sûr d’être bien couvert ailleurs?
- Portez-vous des lunettes ou verres de contact? À quelle fréquence les changez-vous?
- Devrez-vous vous faire arracher des dents de sagesse cette année? Avez-vous tendance à faire beaucoup de caries?
- Êtes-vous amateur de massages?
- Consultez-vous en psychologie ou risquez-vous de devoir le faire avec le stress des examens?
- Planifiez-vous un stage à l’étranger?
- Ferez-vous un voyage de surf cette année? Êtes-vous du genre cascadeur, à relever des défis et vous prendre une planche dans les dents une fois de temps en temps?
Les réponses à ces questions vous aideront certainement à établir vos dépenses de soins de santé, dentaire, de la vue et de voyage cette année. Totaliseront-elles plus de 350 $? Si votre unique dépense prévisible est un nettoyage dentaire, l’assurance n’en vaut probablement pas la peine. Mais si vous devez changer vos lunettes, vous faire faire quatre plombages et consulter un psychologue pour mieux traverser la session, vous n’avez pas grand-chose à perdre!