L’avantage d’investir dans des sociétés québécoises inscrites en Bourse
Par Julien Brault | Publié le 07 déc. 2022
Le jour de la Saint-Jean-Baptiste, tout le monde est fier d’être Québécois. On fait cuire de la viande élevée au Québec sur le BBQ, on écoute de la musique québécoise et on boit de la bière québécoise. Il y a presqu’un consensus sur les bénéfices de l’achat local, mais quand est-il de l’investissement local?
Investir en Bourse dans des sociétés locales n’est pas une idée originale. En fait, les gestionnaires de portefeuilles de partout dans le monde ont tendance à investir davantage dans leur propre pays qu’ils le feraient s’ils voulaient se conformer à la contribution des sociétés inscrites en Bourse de leurs pays au marché boursier global.
Par exemple, pour avoir un portefeuille boursier parfaitement diversifié sur le plan géographique, un Canadien devrait se contenter de posséder 2,74% de titres canadiens alors qu’un Américain devrait posséder 39,1% de titres américains. Vous avez bien lu; les sociétés américaines contribuent à hauteur de 39,1% à la valorisation boursière des marchés boursiers mondiaux.
Les économistes qualifient cette préférence à investir dans son propre pays le «home bias» («biais local» en français).
Ils avancent plusieurs explications pour expliquer ce biais, comme les frais de commissions plus élevés lorsqu’on investit à l’étranger ou encore la fiscalité. Par exemple, pour les Canadiens, les dividendes de sociétés canadiennes sont moins imposés que celles des sociétés américaines.
L’explication qui m’intéresse, toutefois, est l’avantage informationnel. En gros, plus on est proche d’une entreprise, plus on des chances de fréquenter ses établissements si on parle d’entreprise de détail (Dollarama, Métro, etc.), de connaître ses employés si on parle d’entreprises de services (CGI, SNC-Lavalin, etc.) ou de connaître ses produits si on parle d’entreprises manufacturières (Lassonde, Cascades, etc.).
La théorie veut que cet avantage informationnel permette aux gestionnaires de portefeuille de mieux allouer leur capital localement qu’ils peuvent le faire à l’étranger.
Fait intéressant, ce biais local ne s’observe pas aux investissements étrangers. En effet, à l’intérieur des États-Unis, les gestionnaires de portefeuille tendent à privilégier les titres des sociétés dont les sièges sociaux sont situés plus près d’eux, selon un article du Journal of Finance.
Tout ça pour dire qu’investir localement pourrait ne pas être si fou que ça, malgré que de nombreux économistes considèrent ce phénomène comme irrationnel.
D’ailleurs, les sociétés québécoises se sont démarquées par rapport à leurs homologues canadiennes au courant des dernières années.
Si vous aviez investi il y a cinq ans dans un FNB exposé aux sociétés québécoises du nom de FNB Indice Morningstar Banque Nationale Québec CI First Asset (QXM), votre rendement cumulatif (du 2 juin 2014 au 31 mai 2019) aurait atteint 57,65%.
Or, si vous aviez investi dans un FNB d’actions canadiennes du nom d’iShares S&P/TSX 60 Index ETF (XIU) durant la même période, votre rendement cumulatif aurait été de seulement 32,65%.
Au-delà de la recherche du ratio risque/rendement optimal, privilégier les sociétés locales pourrait stimuler l’économie locale, en abaissant le coût de financement des sociétés locales en raison de la demande accrue pour leurs émissions d’actions ou d’obligations.