Open Wallet, épisode 8: Bruny Surin

Par Paul Pontillon | Publié le 03 août 2023

Les trois bons coups de Bruny Surin lors du krach boursier de 2000
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Table des matières

    Pour le huitième épisode d’Open Wallet on reçoit Bruny Surin. Champion Olympique à la retraite, il est aujourd’hui le président fondateur de Sprint Management et dirige sa propre ligne de vêtements.

    Bruny Surin était à une époque obsédé par la Bourse. Ses placements ont notamment perdu beaucoup lors de l’éclatement de la bulle financière de 2000.

    Dans cet épisode il revient sur ses exploits sportifs et comment à force de persévérance il a atteint ses objectifs de carrière. Bruny Surin nous raconte aussi comment il a anticipé sa retraite sportive pour devenir un homme d’affaire accompli. Il nous ouvre son portefeuille pour un épisode inspirant.

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    Julien Brault : Bonjour tout le monde et bienvenue à Open Wallet. C’est une émission où j’interviewe des gens super intéressants, comme Bruny Surin. Le concept : je les reçois, puis je leur pose plein de questions sur leurs finances, leur argent, justement pour ouvrir leur portefeuille, puis démystifier les finances personnelles. Bruny, merci infiniment d’avoir accepté d’être à l’émission.

    Bruny Surin : Ça me fait plaisir

    JB : Bruny Surin, je pense que tout le monde le connaît, mais admettons qu’il y ait des gens qui sont nés dernièrement et qui ne te connaîtraient pas. Bruny Surin qui est un médaillé d’or, qui a couru le relais 4 × 100 m. Et dont on voit les vêtements aussi un peu partout. Donc, c’est quelqu’un qui de multiples facettes, mais on va découvrir ça durant l’entrevue. Premièrement, et je commence mes entrevues toujours avec cette question : c’est quoi ton premier souvenir lié à de l’argent, où il y a un montant précis, que tu es capable de citer aujourd’hui ? C’est quoi ton plus vieux souvenir ?

    BS : Je m’en rappelle comme si c’était hier. Le montant, c’est 500 $.  500 $ c’était quoi ? C’est que, quand j’ai j’avais 17 ans, mon rêve était d’aller aux Jeux Olympiques. Je commençais à faire un peu de sport, mais je n’avais pas les moyens. Donc, c’est là que j’ai cogné aux portes du dépanneur à côté de chez moi, j’ai fait toutes les entreprises dans mon coin. Quand je suis arrivé dans un restaurant, j’ai fait mon pitch de vente, si on peut dire. Au début c’était moyen et avant de sortir du restaurant, le propriétaire m’a rappelé et il m’a fait un chèque de 500 $. C’est avec ce montant que j’ai acheté mes premiers souliers de compétitions, les Spike qu’on les appelle. Je m’en rappelle comme si c’était hier.

    JB : Juste pour me remettre en contexte à l’époque, tu n’as pas commencé comme sprinteur. Tu faisais du saut à la perche, est-ce que c’est ça ?

    BS :  Je faisais du triple saut et du saut en longueur. C’est après quelques années que j’ai commencé à faire du sprint, du 100 m, mais au début, c’était plus les sauts en longueur que je faisais.

    JB : Le saut en longueur, c’est les gens qui sautent et qui n’ont pas de perche ?

    BS : C’est ça, il n’y a pas de perche. Tu as le sable, puis tu as un élan et tu as une limite à ne pas dépasser. Tu essayes de sauter le plus loin possible. C’est dans ce temps-là que  j’avais vu à la télévision, les Jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles. C’est là que j’ai vu un athlète qui est devenu mon idole, un athlète américain qui avait gagné quatre médailles d’or. C’était Carl Lewis. Et moi je voulais être comme lui. Au début, quand mon premier entraîneur, Daniel St-Hilaire, m’a recruté, c’était plus par les sauts qu’on s’était lancés, c’est pour ça.

    B : C’était quoi ton pitch, pour avoir cet argent ? Est-ce que tu disais “Je vais mettre votre logo sur mon costume” ou c’était juste “Je veux aller aux Jeux Olympiques” et ils donnaient de l’argent ?

    BS : C’est sûr qu’à cette période, c’était au début. Je n’avais pas de performances à mon actif; même si je mettrais un logo, je n’avais aucune visibilité. Puis, la plupart des gens disaient que je n’étais pas bon, que je n’étais pas assez bon pour aller aux Jeux Olympiques et tout ça. Mais mon pitch, c’était vraiment le petit gars, le petit-cul qui arrive, qui voit les Jeux Olympiques, qui arrive et dit “Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut m’aider, parce que je veux m’acheter des pointes, je veux m’acheter des souliers, je veux m’acheter un peu d’équipement. Aidez-moi, s’il vous plaît”. Ça a été vraiment ça le début. Ça n’a pas été du côté “Je vais faire de la publicité pour vous”, c’était vraiment “Aidez-moi, s’il vous plaît”.

    JB : À ce moment-là, tu avais 17 ans, c’est ça ? Tu avais fini l’école secondaire ?

    BS : Je finissais l’école secondaire, oui.

    JB : Est-ce que tu t’es inscrit au Cégep ou tu as plongé dedans la tête la première ?

    BS : J’ai été au Cégep après. Quand j’ai commencé l’athlétisme, on sait qu’au Québec, encore aujourd’hui, le désavantage qu’on a avec l’hiver, je ne peux pas m’entraîner à l’extérieur. Donc il fallait que je fasse des camps d’entraînement. Ça encore, c’était un autre problème. Je n’avais pas d’argent pour me payer les billets d’avion, l’hôtel et ainsi de suite. J’avais arrêté deux ans le Cégep pour me permettre de faire ces camps d’entraînement. Après ça, j’ai recommencé. L’école, c’est important, les jeunes. Je le dis à tous les jeunes. Je continue, je fais des formations encore et tout, mais il y a eu deux ans où j’avais arrêté complètement pour l’entraînement.

    JB : Est-ce que tu travaillais ? Comment tu faisais pour financer ?

    BS : Je faisais dur. Je faisais dur. En même temps, je suis content  d’avoir passé par là, parce que je me rappelle au début, c’était à Miami, j’allais dans les quartiers vraiment difficiles. Ce n’était pas des hôtels où j’habitais, les hôtels cinq étoiles de ce monde, c’était dans les motels. Puis des motels où, des fois, tu vois des coquerelles dans les chambres. Puis je mangeais le strict minimum. Je suis passé par là. C’était ça le début. Je ne l’ai pas eu facile, mais c’est à force de persévérer qu’on réussit. Moi, j’étais très dur envers moi-même. C’était comme “Ce n’est pas à cause que je n’ai pas d’argent, ce n’est pas à cause que je suis dans un quartier difficile, ce n’est pas à cause que les gens vont rire de moi que je vais abandonner”. Parce que j’aurais pu dire facilement “C’est impossible parce que je n’ai pas les moyens, puis ça va jamais réussir”. Mais moi je me suis dit “No matter what, que j’aie 10 obstacles devant moi, je vais les défoncer un par un”.

    JB : C’était quoi l’idée d’aller chercher une médaille? Parce que j’ai l’impression que, dès le début, tu voulais une médaille d’or, que tu as d’ailleurs obtenue. Pourquoi tu t’es fixé cet objectif en particulier ? Parce que tu aurais pu juste dire “Je vais devenir un businessman”, mais c’était “Je veux une médaille d’or”.

    BS : C’était rendu une passion. Je pourrais dire que moi, ma mère m’a dit “Choisis ce

    que tu veux faire dans la vie, puis tu peux réussir n’importe quoi. Comme tu es ici, tu es au Québec, au Canada, tu as toutes les opportunités devant toi. Les opportunités sont là. Ça dépend de toi. Travaille très fort et garde toujours la ligne droite”. Ça, ça veut dire “Ne triche pas”. “N’importe quoi que tu vas faire, regarde-toi toujours dans le miroir et tu dois toujours être fier de toi. C’est toi qui le fais, ne triche pas. Parce que tôt ou tard, ça va te rattraper”. J’ai grandi avec ça. J’ai toujours fait du sport, même quand j’étais en Haïti. Ici, l’éducation physique, c’était mon cours favori, évidemment, puis quand j’ai vu Carl Lewis à la télévision, c’était comme “Wow, je veux être comme lui”. Ça a été l’élément déclencheur.

    JB : Et pourquoi ? Parce qu’avant, tu jouais au basket. Est-ce que tu rêvais d’aller dans la NBA ? Ou c’était clair que tu n’avais pas les capacités ou c’est juste que tu n’avais pas cette ambition ?

    BS : Je le faisais pour le plaisir. Je le faisais parce qu’après l’école, j’étais avec ma gang, mes boys. On allait s’entraîner ensemble, on sortait ensemble, on faisait des mauvais coups ensemble. C’était juste ça, mais je n’avais pas le rêve de faire la NBA et tout ça. Mais par contre, quand j’ai vu Carl Lewis, c’est là l’élément déclencheur, et je voulais être comme lui. C’est là que le rêve a commencé.

    JB : Est-ce qu’il y a des bourses ? Est-ce qu’il y a un système financier, parce que plus on monte dans le sport, plus ça devient dispendieux. Il faut manger… Si on veut gagner une médaille, il faut quand même être à un niveau supérieur que si on mangeait juste au McDo.

    BS : L’athlétisme, en même temps, on va dire le 100 m relais, c’est l’épreuve reine des jeux, c’est glamour et tout, mais derrière ça, ce n’est pas si évident. Quand tu regardes le salaire des joueurs de hockey ou quand tu regardes les joueurs de baseball… Il y en a même un qui a signé pour 13 ans pour 304 millions, je ne sais pas trop. On est loin d’être là. C’est comme en athlétisme, encore aujourd’hui, il faut que tu sois vraiment au top-top pour être capable de bien vivre. Si tu es juste genre 20e au monde, tu ne vas pas loin avec ça.

    JB : Sur le plan économique, c’est moins intéressant d’être un olympien q’un joueur professionnel. J’ai l’impression qu’il y a plus de joueurs professeurs qui gagnent leur vie que d’olympiens.

    BS : Si le but de l’athlète – qu’il a le potentiel aussi, on s’entend – n’est que financier, s’il a a le choix entre basket, baseball ou l’athlétisme… Si ta motivation c’est juste l’argent, oublie l’athlétisme. Va dans le hockey, dans le baseball ou dans le basket, oublie ça.

    JB : Est-ce qu’il y a des commanditaires, je te parlais de quand tu as gagné ta médaille d’or, mais mettons que tu gagnes des championnats canadiens ou que tu commences à être un athlète de haut niveau, comment on finance ça ? Est-ce qu’il faut carrément avoir une job de 40 heures par semaine et on fait ça à temps partiel ?

    BS : Malheureusement, c’est le cas de beaucoup d’athlètes. J’ai été, je pourrais dire, j’ai frappé aux portes comme un malade aussi. Après ma médaille de bronze aux Jeux du Commonwealth, j’avais entendu parler d’un certain monsieur, Claude Chagnon dans ce temps-là, qui était de Vidéotron.

    JB : Avant sa fondation ?

    BS : Avant sa fondation, et que lui aussi faisait de l’athlétisme quand il était plus jeune – on a quelques années de différence. Je me suis dit que j’allais faire mon pitch. Dans ce temps-là, c’est ma conjointe qui était ma gérante. On a été voir M. Chagnon. Il nous a accueilli dans son bureau et c’est là qu’on a fait notre pitch de vente. J’avais mon dossier et tout. On est sorti, c’était quasiment l’heure du lunch. Avant de terminer le bureau vers 5h, il nous appelle et il nous a dit : “J’embarque”.  Je dis “J’embarque, ça veut dire quoi ça ?” Il répond :”Un chèque de 25 000$.” Ça a été ma première commandite officielle. C’était en 1990.

    JB : À l’époque, il était PDG de Vidéotron, qui était quand même une entreprise d’une belle taille à l’époque. Est-ce qu’il était propriétaire de TVA ?

    BS : Oui, c’était tout le groupe. Je pourrais dire que j’étais le premier athlète que le groupe a commandité. Après il y en a eu d’autres, mais j’ai été le premier.

    JB : Est-ce qu’il t’a utilisé de manière promotionnelle ou c’était purement pour t’aider ? Tu as été ouvrir des galas, ou je ne sais pas trop pour Vidéotron ?

    BS: C’était purement pour m’aider. Je me rappelle, c’est même moi qui ai dit à Claude : “Je pourrais mettre votre nom sur mon chandail, sur mes t-shirts”. Il a dit : “OK, c’est correct”. C’est moi-même qui a été faire les t-shirts, j’ai mis le logo de Vidéotron et tout ça et après ça, on a continué comme ça. Mais pour lui, c’était vraiment qu’il voulait aider un jeune au grand potentiel qu’il a vu et l’aider pour qu’il réalise son rêve.

    JB : Si Claude Chagnon n’était pas là, est-ce que tu aurais eu une médaille d’or?

    BS : Ça aurait été très difficile. D’ailleurs, je le remercie à chaque fois que j’ai l’occasion de de le remercier, que ce soit Claude Chagnon, que ce soit mon épouse, que soit mon premier entraîneur Daniel St-Hilaire. Je le fais tout le temps, tout le temps, tout le temps. Évidemment, comment je suis, les valeurs que mes parents m’ont transmises, c’est les gens que je remercie, que je veux remercier pour le restant de ma vie.

    JB : Tu as ouvert une porte qui m’intéresse. Ton épouse était ta gérante. Comment c’est arrivé, et qu’est-ce qu’une gérante d’un athlète professionnel fait ?

    BS : Tout ce qui est gestion du calendrier.C’est sûr qu’après ma médaille aux Jeux du Commonwealth, j’ai commencé à avoir plus de visibilité et après Vidéotron, j’ai commencé à avoir d’autres commanditaires aussi. C’est elle qui gérait tout ça, qui allait voir les commanditaires, qui allait faire mon pitch, le suivi des commanditaires quand il y avait des demandes de médias. Il y avait toutes sortes de demandes. Encore aujourd’hui, il y a toutes sortes de demandes, des bons et des moins bons, mais il faut gérer ça. Il faut vraiment quelqu’un pour gérer ça parce que tout seul, c’est de la job.

    JB: Est-ce qu’elle faisait un autre travail ? Au début, à cette époque-là de la médaille de bronze, est-ce qu’elle faisait ça à temps plein ?

    BS : Elle a mis sa carrière en veilleuse, si je peux dire. Elle était gestionnaire à la Banque Nationale. Elle s’est occupée de moi professionnellement pendant au moins 7 ou 8 ans. Après ça, elle a recommencé.

    JB : Ça lui a pris du temps avant de se «tanner» quand même.

    BS : C’est juste qu’à un moment donné, elle a aussi ses objectifs, des trucs qui la font triper aussi. Après ça, elle a été faire ses trucs. Mais encore aujourd’hui, on a une belle collaboration.

    JB : Et ça n’a pas été difficile de partager vie privée et vie professionnelle ?

    BS : Ce n’est pas toujours évident. Ce n’est pas toujours évident, parce que des fois, je peux avoir mon point de vue et des fois, elle peut avoir son point de vue. Parfois elle dit : “Ça, telle opportunité,  telle occasion ou tel événement, oui ça peut être bien”, puis moi si ça me tente pas, je dis : “Ah non, ça ne me tente pas” ou whatever. Il y a toujours ce côté là qui des fois, quand on ne s’entend pas, qui est moins le fun, mais je peux dire en général on a eu une belle complicité. C’était bien.

    JB : Le moment, le sommet d’une carrière d’olympien, c’est quand on obtient une médaille d’or. Dans ton cas, c’était aux Jeux d’Atlanta, est-ce que je me trompe? Je vais éventuellement te poser question sur l’émotion que ça représente, mais étant plus intéressé par l’argent, est-ce que c’est en  or massif ? Est-ce que ça a une valeur, une médaille d’or ?

    BS : Si on parle juste de la médaille même, à Atlanta, ce qu’on nous a dit, c’est qu’il y a six onces de vrai or dans les médailles d’or, avec du plaqué évidemment. C’était la première fois pendant les jeux qu’ils mélangeaient du vrai or. On peut faire le calcul pour savoir que vaut 6 onces d’or.

    JB : Ça fait quand même quelques milliers de dollars.

    BS: Ça vaut quelque milliers de dollars, mais en valeur sentimentale, ça n’a pas de prix.

    JB : En fait tu ne l’as pas fondu puis revendu.

    BS : Non, c’est quelque chose que je ne vendrais jamais de ma vie, même si je meurs de faim, que je n’ai plus d’argent, je ne le vendrai jamais. Ça ira à mes enfants et à mes petits-enfants.

    JB : J’imagine que tu dois avoir des amis dans le milieu, la conversion entre un athlète professionnel – techniquement, ils ne sont pas professionnels les olympiens, mais entre un athlète de haut et la vie après le sport, il y en a où ça se ne passe pas bien, puis ils n’ont plus l’argent. Est-ce que que tu connais des histoires de gens qui ont carrément vendu leur médaille ?

    BS : J’ai vu dans les nouvelles des anciens athlètes, quelques-uns. J’ai vu deux exemples où c’est arrivé. C’est sûr que c’est dommage, mais ces athlètes sont arrivés à un moment où ils n’ont plus rien et  c’était un genre de dernier recours, mais c’est pour ça que c’est important de bien s’entourer. Et puisqu’on parle d’argent, c’est important d’avoir une équipe qui ont les connaissances aussi. Parce que, des fois, c’est facile de perdre le contrôle quand on a des commandites et qu’on a du succès. Ça peut t’enfler la tête parce qu’à un moment donné, on te met sur un piédestal. C’est fou, mais c’est important de toujours garder les deux pieds sur terre. C’est quelque chose que je me rappelais tout le temps. Je me disais que j’avais vécu des trucs, des événements vraiment incroyables. Tu vas dans les hôtels les plus chers, les plus hot au monde, tes commanditaires vont te gâter, tu manges dans les grands restaurants, tu as ta tête à la télévision, tu fais des commerciaux, les gens t’acclament. Ce serait facile de dire “Wow, c’est le fun”, comme une vedette d’Hollywood. Mais ç’a toujours été comme OK, oui c’est le fun, et c’est le fun ce que je suis en train de vivre, mais  restons calme.

    JB : Est-ce que tu te souviens de ce qui t’est passé par la tête quand tu étais sur le podium parce que c’est beaucoup beaucoup de travail ce que ça représente. Est-ce que tu as pris le temps de savourer le moment ou tu as tout de suite pensé “Demain, il va falloir que je fasse ça, puis ce soir…”

    BS : Je l’ai vraiment savouré à fond, puis j’avais l’impression qu’en même temps, j’allais m’évanouir. Il y avait tellement, tellement d’émotions. Imagine que tu as 90 000 personnes debout, puis là tu entends l’hymne national du Canada, tu vois le drapeau qui se lève, puis sur le grand écran, tu vois ta course au ralenti, c’était malade. L’adrénaline qu’on avait là, c’était fou. Puis je me suis dit qu’est ce que j’étais en train de vivre là, je pense que plus jamais je vais revivre de l’émotion forte comme ça. C’est fou. Mais je l’ai vraiment vécu à fond, c’était le fun.

    JB : Pour la suite des choses, parce que comme tu viens de nous le révéler, ce n’est pas la médaille qui est liée au succès financier, mais le symbole, la médaille, le fait que tu as gagné cette médaille-là te rend plus attrayant auprès des commanditaires. À ce moment, est-ce qu’on fait de l’argent parce qu’on a une médaille d’or?

    BS : On fait de l’argent. C’est sûr qu’on fait de l’argent. Les commanditaires – j’étais encore avec Vidéotron, mais même avant les jeux, on a fait des commerciaux,  j’étais partout à la télévision. Avec Nike, on avait pleins de commerciaux à la télévision. J’étais partout. J’ai fait des des commerciaux, je me rappelle que j’étais à Los Angeles avec deux athlètes américains, des vedettes. Tu es là-dedans, tu es comme “My god, c’est le fun”.

    JB : Est-ce qu’ils se battaient pour t’avoir ? Est-ce que tu avais Adidas, Nike et les autres marques qui te suppliaient de prendre leurs chaussures ?

    BS : Dans le fond, vers la fin de ma carrière, quand Nike est arrivé, c’était comme : “Viens t’en”. Quand Nike te dit “Viens t’en”, tu ne dis pas non. Aujourd’hui que je suis dans le monde des affaires, je sais combien ça coûte, faire des commerciaux, des print et tout ça. Nike a mis des fortunes sur moi. C’est comme un manège, c’était gênant, j’allais au métro, encore aujourd’hui ils ont mis la plus grosse affiche de l’Amérique du Nord. C’était à la station Berri-UQAM. Les gens regardaient ça, et j’étais comme “My god, c’est moi, c’est fou!” C’était à la télévision, partout! C’était gratifiant.

    JB : Le problème, avec les jeux olympiques, est qu’il y a seulement des jeux à tous les quatre ans. Est-ce que tu étais conscient de ça?  Est-ce que te disais: “J’ai de bons revenus, mais ça va diminuer”. Est-ce que c’est quelque chose que tu t’es dit ?

    BS : Toujours prévoir. Des fois, j’ai vu j’ai vu des athlètes, justement dans ces occasions là, j’ai vu des athlètes avec qui je m’entraînais, dans cet environnement là, que moi même avant de faire cette performance là, que c’était leur temps de gagner les médailles et puis tout ça, puis je les voyais avec trois-quatre voitures en même temps. Je les voyais refuser des bourses. Je leur disais “Tu es malade, on t’offre ça” et puis ils disaient : “Non, moi ça ne me tente pas, je vais rester chez nous”. Mais qu’est ce qui arrive après ? Ils font des dépenses, ils font des dépenses, ils font des dépenses, puis les années passent. Quand tu as pris retraite,  ce n’est pas toujours évident de te replacer et, malheureusement, il y en a eu beaucoup qui sont dans le petit appartement, qui ont de la misère, qui ont tout flambé.

    JB : Est-ce que c’est plus payant d’être dans le sprint, le 100 m, la course, que d’être dans le, mettons je ne sais pas, le javelot ? Est-ce que tu as quand même bien choisi ?

    BS : Au début, c’était les sauts, puis concours de circonstances, en 1988 , mes premiers Jeux Olympiques, j’étais blessé au niveau de la cheville. C’est sûr que quand tu fais des sauts, tu t’entraînes un peu dans le sprint. C’est là que mon entraîneur Daniel et moi, on s’est dit, puisqu’à chaque fois que je vais sauter, l’impact va empirer l’état de ma cheville.

    On s’est dit que, la saison d’après, on va essayer de se concentrer que sur le 100 m. On a fait ça, puis la première année, je me suis classé 10e au monde. On s’est dit : “Ce n’est pas si mal que ça”. Et  c’est comme ça que j’ai continué, mais oui, en fait c’est – on peut dire c’est juste ou ce n’est pas juste, mais le 100 m, les sprints c’est là qu’il y a plus de visibilité. C’est là que les commanditaires mettent plus d’argent.

    JB : J’ai été impressionné, j’ai vu ton record, c’était 9.86 ?

    BS : 9.84. C’est important ça, c’est important.

    JB : 9.84 à l’époque parce qu’aujourd’hui, j’ai l’impression qu’ils ont des…

    BS : Ça s’est amélioré.

    JB : Mais à l’époque, est-ce que tu as déjà eu le record pendant un bout de temps ou tu étais proche ?

    BS : À l’époque, le record, c’est 9.79, et quand j’ai fait le 9.84, c’était le deuxième de tous les temps. Là, je vivais sur un nuage.

    JB : J’ai l’impression, parce qu’on parle de fractions de secondes: entre gagner et pas gagner, il y a pas une grande différence. J’avais lu quelque part que, des fois, on bat le record avec l’entraîneur et ce n’est pas mesuré. Est-ce que ça existe ça ?

    BS : Ça existe, juste avant que je fasse mon 9.84, à l’entraînement, on savait que ça allait venir, parce que tout était aligné. Puis là, à un moment donné, petite anecdote, mon entraîneur, il y avait un truc avec son fils qui allait au hockey, puis c’était l’été. Puis il me dit : “J’ai juste le temps de voir une de tes courses” parce que j’avais 5 x 100 m à faire mais à full pin avec un temps de récupération. Il prend mon premier temps et calcule. Il voit 9.55. En théorie quand tu fais un temps manuel, tu ajoutes 0.24 pour faire le temps officiel. Donc j’étais comme dont 9.8 quasiment là. Il me dit “Je me suis sûrement trompé, je vais attendre, j’ai encore le temps. Prends ton temps de récupération, je vais prendre le deuxième temps”. Pas de problème. Je prends mon temps de récupération, j’arrive à mon deuxième 100 m, et ça donne encore 9.5. Wow ! Là, il appelle chez lui, il appelle sa conjointe et lui dit : “Toi, va mener maintenant mon fils à sa pratique, parce que je veux rester, je veux voir tout l’entraînement”. Puis, c’était peut-être un mois après, c’était le championnat du monde : 9.84. Mais on le savait.

    JB : J’ai oublié de te poser une question. Tu me disais que tu faisais de l’argent après ta médaille d’or. Est-ce que tu peux me dire après tu faisais combien par année ? Dans la meilleure année ?

    BS : C’est sûr que c’était dans les six chiffres, évidemment. Je mangeais bien.

    JB : Est-ce tu as un pourcentage que tu mettais de côté ? Comment tu faisais justement pour prévoir les les années de vaches maigres qui allaient venir dans le futur ?

    BS : C’est là que j’avais un gestionnaire. Un gestionnaire pour me dire : “Écoute, ton train de vie, est-ce que tu as un – je ne veux pas dire un bon train de vie ou un mauvais train de vie – est-ce que par rapport à ce que tu amènes, est-ce que tu dépenses trop ou quoi que ce soit ?” C’est lui qui m’a tout planifié ça. Je me suis gâté dans le temps, j’avais acheté une Porsche décapotable et tout ça, contre la volonté de ma conjointe. Elle m’a dit : “Tu n’as pas besoin de tout ça”, mais je voulais me gâter. Des fois, il faut se gâter quand même, mais je n’ai jamais fait de folie. Tout de suite après ça, qu’est ce que j’ai fait ? J’ai acheté mon terrain parce que je voulais avoir ma maison de rêve. J’ai acheté mon terrain, j’ai acheté ma maison, puis dès que j’ai pris ma retraite, j’ai bâti la maison de de mes rêves. C’était à Blainville. J’ai vécu là pendant 12-13 ans, puis je me disais : “Wow, j’ai réussi!” Parce que, souvent, j’arrive toujours à la marge.

    JB : Est-ce que tu as payé cash ?

    BS : C’était payé. J’étais comme “OK, mais tu te rappelles au début tu n’avais même pas d’argent, puis qui tu étais, mais à force de travail, persévérance, puis le rêve que tu avais” –  j’ai couru plus vite que Carl Lewis, mais ç’a pris 15 ans. En 1999, 9.84 j’ai couru ça ça, ça m’a pris deux ans avant de le réaliser. Quand j’ai fait la cérémonie de médailles, j’avais mes commanditaires, mes amis, Claude Chagnon était là d’ailleurs, c’était le party là. On était comme ça dans une salle, puis chaque médaillé se fait tester. J’étais là, j’attendais mon tour, puis ma conjointe était à côté de moi, puis c’est là que c’est comme si je redescendais sur terre. Puis j’ai dit : “Oh my god, j’ai couru 9.84”. Puis c’est là que je voyais toutes les images du petit gars qui regardait la télévision, qui osait dire à qui voulait l’entendre “Moi je veux aller aux Jeux Olympiques, puis un jour, je vais courir plus vite que Carl Lewis”, que tout le monde riait de moi et ainsi de suite. Puis je me rappelle ce que mon entraîneur me disait aussi : “The me I see is the me I’ll be”. Il me dit : “Crois-le, persévère, visualise”, mais ça n’a pas été facile. Ça n’a pas été facile. J’ai eu des rejets, j’ai eu des gens qui m’ont fermé la porte au nez, j’ai vu mes compétiteurs qui me riaient en pleine face, j’ai tout vécu ça. Mais le fait de persévérer, ça vaut la peine. C’est de l’or.

    JB : Est-ce que à ce moment-là, quand tu faisais de l’argent, est-ce que tu as investi en Bourse où tu avais un conseiller en placements ou quelque chose comme ça ?

    BS : Oh my god, à une époque, j’étais obsédé par la Bourse. J’étais obsédé. Avant d’aller à mes entraînements, j’avais mon laptop, je regardais toujours mes stocks.

    JB : Ah, c’était avant la bulle de l’an 2000 ?

    BS : Ah ! C’était fou ! Je checkais, je regardais, je regardais, je retournais à l’entraînement, j’allais même pas luncher pour regarder mes stocks sur mon ordi pour voir où est-ce que j’étais. Puis heureusement, j’avais fait de l’argent avec la Bourse, mais quand il y a eu la bulle, justement, je regardais mes titres et j’en avais qui étaient moins 90%, moins 75%. J’étais comme : “Oh my god !”

    JB : Te souviens-tu des stocks que tu avais ? Tu étais dans Amazon ?

    BS : J’avais, je me rappelle, il y en avait un qui était du IC3D, j’avais un peu de trucs de tech j’avais des stocks, mais tout était rouge. C’est là que je me suis dit qu’heureusement, j’avais fait de l’argent avant, puis ça vient comme balancer, mais si j’étais comme au début, j’aurais mangé mes bas. C’est là aussi que j’ai pris une décision importante. J’ai attendu un peu pour que ça régularise un peu, puis à un moment donné j’ai dit à mon broker qu’on changeait de cap en termes de risque. Maintenant, aujourd’hui à mon âge aussi, à 51 ans, je suis plus sage. Là j’ai plus de fonds, des trucs plus safe. Moi j’aime mieux que tu laisses quelque chose là, que ça me rapporte 2%, mais je dors tranquille, au lieu de faire comme avant, me stresser. J’ai passé cette phase.

    JB : Parle-moi de ton après-carrière. Quand est-ce que tu t’es rendu compte que ta carrière était finie ? Parce que j’imagine ça doit être un deuil à faire, c’est quelque chose qu’on aime qu’on faire. Forcément, l’âge fait en sorte qu’on ne peut pas faire des temps de plus en plus courts. Comment ça s’est passé dans cette espèce de transition ?

    BS : La transition s’est faite très bien. Je peux dire même très très bien, à peu près deux ans et demi précisément, je savais que ça s’en venait. C’est là que je me suis dit qu’est-ce que je veux faire vraiment après, puis je veux avoir une préparation aussi. Quand j’ai fait 9.84, Nike m’a invité à la maison mère. Ils m’ont dit “Écoute, tu dessines les souliers de compétition que tu veux , n’importe quoi, puis on fait tes souliers”.

    JB : Tu as eu tes espadrilles Nike Bruny Surin ?

    BS : Oui, Nike Bruny Surin. Au début j’avais des souliers de moi-même, que j’avais dessinés, que j’ai fait pratiquement en 6-7 mois. J’étais le seul au monde à avoir ça. Puis à un moment donné, je m’entraînais beaucoup au Texas à l’Université de Texas à Austin. Ils étaient commandités par Nike. C’est qu’à un moment donné, je commençais à voir quelques athlètes avec les souliers que moi j’ai dessiné. Et du point de vue égo, c’était satisfaisant.

    JB : Est-ce que tu faisais de l’argent chaque fois que quelqu’un achetait ? Est-ce que tu avais comme une royauté ?

    BS : Non, parce qu’ils me payaient. Ils me payaient ma commandite annuelle et ça faisait partie du du package.

    JB : Même si quelqu’un achetait 1000 chaussures de plus, ça ne changeait rien ?

    BS : Ça ne changeait rien. Mais j’avais un très bon deal avec eux.

    JB : Est-ce c’est cette expérience-là qui t’a amené à lancer une marque de vêtements?

    BS : Oui, exactement, parce que j’étais avec les tops designer de Nike. C’est là que, comme athlète de haut niveau, ils font encore aujourd’hui, on donnait toujours nos feedback, comment on se sent avec l’équipement, tout ça et c’est là qu’on parlait des nouvelles tendances de couleurs aussi et tout ça. J’ai tellement adoré cet échange-là et je me suis dit  – c’était en 1999 – puis je me suis dit : “OK, à ma retraite, je veux avoir une ligne de vêtements”. Puis le même exercice que j’étais en train de faire là avec le designer, moi je veux avoir une équipe au Québec et on va faire la même chose. Bien s’entourer, c’est très important.

    JB : Est-ce que tu as pensé, quand tu étais avec Nike, est-ce que tu leur as pitché l’idée ? Parce que maintenant, il y a des athlètes qui ont fait des sous-marques avec Nike. Est-ce que c’est quelque chose que tu as considéré ?

    BS : Oui, je l’avais considéré. Je ne vous cache pas que je l’avais considéré, mais Nike, ils sont tellement… Si tu n’es pas Michael Jordan, tu es pas assez intéressant. Ils ont voulu rester avec moi, ils m’ont même offert un contrat, évidemment moindre que quand j’étais j’étais actif. C’est là que je me suis dit, en tant qu’entrepreneur : “Est-ce que je ne me casse pas la tête ? J’ai ça de garanti, puis je n’ai rien à faire et, en plus, c’était l’une des plus grosses compagnies au monde”. Ou sinon je pouvais poursuivre le rêve de me payer mes propres trucs et laisser le contrat avec Nike tomber. Finalement, j’ai dit: “Merci, mais non merci, je vais partir ma ligne de vêtements”. C’est comme ça que j’ai commencé.

    JB : Tu es parti, puisque là tu devenais en concurrence en quelque sorte avec Nike? Ça voulait dire que tu ne peux pas prendre leur contrat et faire ton truc à côté ?

    BS : Non, on ne pouvait pas faire les deux. C’était l’un ou l’autre. Donc, qu’est-ce que tu choisis : tu choisis la garantie, tu abandonnes ton rêve ou tu mets ton rêve en stand by, ou sinon, tu y vas.

    JB : Est-ce que ça t’a coûté cher ? Est-ce que tu as dû risquer beaucoup d’argent pour commencer la ligne de vêtements ?

    BS : C’est sûr que c’est cher.

    JB : Combien tu avais mis au début ?

    BS : Au début, partir une ligne, tu peux mettre un quart de million, facilement. Les vêtements, tu peux faire beaucoup d’argent et tu peux perdre beaucoup d’argent en un clin d’œil.

    JB : La première année, qu’est-ce qui est arrivé ? Est-ce que ça a marché ?

    BS : La première année, j’avais quand j’ai commencé…

    JB : C’était en quelle année ?

    BS : J’ai commencé un petit peu avant ma retraite. C’est là que j’ai commencé à faire des voyages en Asie, commencé à voir des manufactures. J’ai vu des manufactures ici au Québec et tout ça, puis j’avais commencé tout seul. Puis après ça, j’ai eu une équipe pendant trois ans. Après ça, il y a eu lui des petits pépins, puis je me suis dissocié. Malheureusement, on s’est dissociés, puis j’avais mis deux ans en stand by, si on peut dire. C’est là que j’ai recommencé  avec le groupe où on est ici, et là ça fait ça fait dix ans qu’on est ensemble.

    JB : Tu me dis que tu étais en partenariat dans une compagnie qui fait les vêtements ?

    BS : Qui fait les vêtements. Tous les designers sont vraiment ici.Tout le head, ça se fait ici.

    JB : C’est toi qui engages les designers ?

    BS : C’est un peu, si on peut dire, du point de vue image, ce serait comme ce que je fais avec Nike, mais sauf que là, il y a de l’argent investi. Maintenant, avec les designers, on va parler comme les nouvelles couleurs qui vont arriver, les nouvelles tendances. Je vais leur donner des feedback. Je m’entraîne encore un petit peu, pas trop – mais ça ne paraît pas trop là ?

    JB : Je pense que tu es plus en forme que moi !

    BS : Mais c’est ça, c’est de donner des feedback, puis de travailler, travailler, travailler en équipem c’est la clé.

    JB : Est-ce que tu as des exemples ? Est-ce tu étais stressé à un moment donné et que tu t’es dit :”Peut-être que je devrais…” Est-ce que tu t’es déjà posé la question ou c’était clair que  tu allais avoir ta ligne de vêtements ?

    BS : Comme entrepreneur, c’est sûr qu’on se pose toujours des questions, parce qu’il y a beaucoup en jeu et c’est ton avenir aussi, tu as des responsabilités. Dans tout en business, oui il y a des risques. Dans la course aussi, il y avait des risques. Je ne gagnais pas toutes mes courses. C’est sûr que des fois tu te dis : “Est-ce que où on s’en va maintenant  c’est la bonne direction ? Est-ce qu’on a les résultats ? Quand on va faire, par exemple, du marketing, que c’est du bon marketing, est-ce qu’on va avoir les résultats escomptés ? Tout ça, tu te poses toujours la question, puis c’est normal. Au début, j’étais comme : “OK, mais est-ce que je suis un bon homme d’affaires ?” Parce que je me pose souvent des questions, tout ça. Et en parlant avec beaucoup d’entrepreneurs, j’ai été à l’École d’Entrepreneurship de Beauce aussi et moi je me pose des questions, puis ça, c’est normal. C’est normal de se poser des questions. C’est normal de se réajuster aussi, de réajuster le tir pendant le parcours, puis jusqu’à maintenant, je touche du bois, ça fonctionne.

    JB : Génial. J’ai une autre question pour toi. Tu m’as parlé de tes premiers commanditaires, notamment du gars dans le restaurant qui t’a donné le 500 piastres et qui t’a aidé. Puis, je sais que tu as créé une fondation. Est-ce que tu joues ce rôle-là, auprès d’autres athlètes? Puis en termes d’argent, puisqu’on aime parler de montants, combien d’argent tu redonné à la communauté pour les jeunes sportifs ?

    BS : Là, ça fait 20 ans que j’ai créé la fondation. Au mois de septembre, ça va être notre 17e activité de levée de fonds. Au début, on faisait des tournois de golf et, maintenant, c’est vraiment un souper bénéfice qu’on fait. Les trois dernières années, on le faisait au Ritz-Carlton. Cette année, on va le faire au Westin parce qu’on était plafonné à 300 invités, puis j’avais des gens qui… je n’avais plus de place. Là on s’est dit “L’objectif de cette année 2019, c’est d’avoir 450 personnes”. L’année passée, on a ramassé 129-130 000 $. Comment on fonctionne ? On va engager des conférenciers qui vont aller dans les écoles à travers le Québec pour faire la promotion des saines habitudes de vie, la promotion contre le décrochage scolaire. On donne des bourses sport-études.

    JB : Tu donnes des 500 $ entre guillemets ?

    BS : On donne plus que des 500 $, puis on organise des camps d’entraînement aussi. La dernière fois, ça fait un an et demi qu’on était à Bradenton en Floride. J’avais dix-huit jeunes athlètes avec moi, en athlétisme évidemment, soccer,  football, basketball. Puis pendant ces dix jours là, tu as des athlètes olympiques qui s’entraînent à chaque jour avec eux. Tu as des tops entraîneurs au monde qui les entraînent pendant pendant dix jours. Voici le petit coup de pouce que je peux vous donner, parce que moi, je l’ai eu le coup de pouce. Parce qu’il y a encore beaucoup de jeunes qui sont dans cette situation-là aujourd’hui.

    JB : J’ai une question une dernière question pour toi. C’est une question que je pose souvent à mes invités. Quels conseils tu pourrais te donner à toi-même quand tu étais plus jeune? Mais je vais te la poser un peu différemment à toi, puisque je me suis souvenu avoir vu un de tes posts sur LinkedIn, où tu parlais de ta fille. Donc je vais te poser cette question : quelles sont les choses sur l’argent que tu as appris à ta fille?

    BS : Qu’est-ce que je lui ai appris ? L’équipe qui s’occupe de mon patrimoine, dans le fond, je leur ai dit “Vous coachez ma fille maintenant sur l’argent”, parce que c’est sûr qu’eux ont des minimums, whatever, mais je dis “Pas grave là-dessus, tu la prépare”. Puis ma fille a commencé à faire des placements. Moi j’aurais dû faire ça bien plus tôt. J’ai commencé plus tard, mais ma fille, là elle a 24 ans, puis ça fait au moins 2-3 ans qu’elle a commencé à  mettre un peu d’épargne de côté. Très très très important.

    JB : Comment tu apprends ça puisqu’on vit dans une génération, je pense que je suis plus un peu plus vieux, mais un peu plus jeune que toi, mais où les gens ont tendance à tout dépenser, puis à ne plus penser au futur. Est-ce que c’est en t’observant ?

    BS : Moi, je leur ai toujours dit ça. J’ai toujours enseigné à mes filles. Puis, heureusement, elles écoutent. Mais mes filles sont très allumées du point de vue business. Je pourrais dire que c’est l’héritage que j’ai donné.

    JB : Merci beaucoup Bruny, c’est super.

    BS : Mais ça m’a fait plaisir. Tu as bien fait  ça, yes !

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    En charge de la stratégie de contenu de Hardbacon, Paul a construit son expérience auprès des start-ups. Diplomé d’une maitrise en Marketing Stratégique, il est également en charge du marketing opérationnel et de l’analyse de données.