Les merveilles du REER : pas besoin d’attendre la retraite pour en profiter!
Par Maude Gauthier | Publié le 20 août 2023
Peut-être votre retraite n’arrivera-t-elle que dans 30 ans. Dans ce cas, épargner en prévision de vos vieux jours n’est probablement pas à l’avant-plan de vos préoccupations. Mais associer le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) uniquement au bel âge, c’est faire fi de ses autres avantages! Voici quatre manières d’utiliser votre REER pendant que vous êtes encore jeune.
1) Reporter l’impôt à payer pendant que vous avez un revenu élevé
Un remboursement d’impôt au printemps prochain, ça vous tente? Disons que vous gagnez 70 000 $ cette année, et que vous cotisez 5 000 $ à un REER. Votre revenu vient de tomber à 65 000 $, et c’est sur ce revenu que l’impôt sera calculé. Comme vous l’avez probablement déjà payé sur un salaire plus élevé, vous récolterez un dépôt direct (ou un chèque, si vous êtes un dinosaure). Ce remboursement correspond à la différence d’impôt entre premier revenu annuel et le deuxième, moins élevé.
L’utilité la plus connue du REER est donc de diminuer votre revenu imposable. C’est pourquoi le REER obtient généralement les faveurs de ceux et celles qui font pas mal d’argent. En cotisant à leur REER au maximum, ils diminuent leur revenu net et font baisser leur taux d’imposition marginal. En versant ces cotisations, ils profitent d’autres avantages sociofiscaux à court terme. Tout type de prestation basé sur le revenu peut être influencé par votre cotisation REER. Par exemple, l’Allocation canadienne pour enfants ou le remboursement anticipé pour frais de garde pourrait augmenter.
À votre retraite, quand vous déciderez de prélever des fonds dans votre REER, votre taux d’imposition sera probablement plus faible qu’actuellement. Vous payerez donc de l’impôt, mais moins que si vous le faisiez en date d’aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’on parle de reporter l’impôt et non de le supprimer complètement.
Quel est le maximum de REER que vous pourriez prendre cette année? Le plafond est fixé à 18 % du revenu de l’année précédente ou 27 830 $. Si vous avez gagné 70 000 $, cela donne la rondelette somme de 12 600 $. Encore plus génial, les cotisations inutilisées s’accumulent d’une année à l’autre. Vérifiez votre avis de cotisation fédéral de l’année précédente pour savoir combien vous pouvez prendre au total.
2) Acquérir une propriété avec le régime d’accession à la propriété (RAP)
Tanné de votre appart exigu? Pour vous construire un petit nid douillet, le gouvernement fédéral permet que vous utilisiez vos REER en guise de mise de fonds. Avec le RAP, vous pouvez retirer une partie ou la totalité de votre REER pour acheter votre propriété. Vous avez le droit de piger jusqu’à 35 000 $ dans vos REER. Si vous êtes deux, le total monte à 70 000 $.
Pourquoi est-ce une bonne idée de RAPer? Parce que vous ne payerez pas d’impôt sur les montants ainsi retirés. En les utilisant pour déposer une plus grosse mise de fonds sur votre propriété, vous réduisez votre dette et diminuez les intérêts payés en bout de ligne. En plus, vous économisez l’assurance hypothécaire en mettant 20 % de mise de fonds.
Quelques conditions doivent tout de même être respectées. Lesquelles? Vous devez être l’acheteur d’une première habitation que vous comptez habiter. Alternativement, vous ne devez pas avoir été propriétaire au cours des quatre années précédentes. Il y a donc une ouverture pour ceux et celles qui ont déjà possédé une propriété dans le passé. Vous pouvez utiliser les sommes librement par la suite, sans qu’elles servent nécessairement à une mise de fonds.
L’autre condition est de remettre l’argent dans votre REER au cours des années suivantes. Le délai est de 15 ans et il commence dès la deuxième année civile suivant le RAP. Par exemple, si vous avez retiré le maximum de 35 000 $, vous devrez remettre 2 333,33 $ par année dans votre REER. Puisque vous avez déjà obtenu une réduction d’impôt lors de vos cotisations précédentes, vous n’en obtiendrez pas de nouvelle lors du remboursement.
3) Profiter du régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP)
L’idée d’un retour aux études vous titille? Un autre programme similaire au RAP permet de piger dans votre REER sans payer d’impôt : le REEP.
Dans le cadre de ce programme fédéral, vous pouvez retirer un total de 20 000 $ de votre REER pour payer vos études. Le plafond annuel est de 10 000 $. Les sommes peuvent aussi servir aux études de votre conjoint, du moment qu’elles sont suivies à temps plein. Quant au remboursement, il doit s’effectuer sur un horizon de 10 ans. Il est possible de REEPer plus d’une fois, mais à certaines conditions. Comme avec le RAP, les remboursements ne seront pas déductibles de votre revenu une seconde fois. Ce serait trop beau pour être vrai!
Est-ce que 20 000 $ suffiront pour financer un retour aux études? Pour un programme très court, peu être que oui. Que faire si vous avez besoin de plus d’argent? Vous pouvez retirer un montant de votre CELI. Cette somme ne devrait pas être imposable, puisqu’elle provient d’un CELI, tout simplement. En bonus, il vous permet de récupérer vos droits de cotisation. Le CELI est peut-être la 8e merveille du monde.
Et si vous n’avez pas de CELI? L’aide financière aux études (AFE) du gouvernement provincial pourrait vous soutenir. Il vous en manque encore un peu? Si vous retirez un peu plus de REER que le maximum permis, vous aurez de l’impôt à payer. Mais c’est possible de le faire!
4) Retirer des fonds de votre REER lors d’années à faible revenu
Vous pouvez retirer de l’argent de votre REER en tout temps, sauf exception (par exemple, si vous détenez un régime immobilisé). Voyage autour du monde? Possible, quoique probablement déconseillé! Vous manquez de fonds pour votre congé parental? Possible aussi!
Si vos projets futurs correspondent à une baisse de revenus importante, le REER pourrait être une avenue pertinente pour vous. Par contre, sans programme comme le RAP et le REEP, vous payerez de l’impôt sur ce retrait, qui devient dès lors un revenu. De plus, vous ne récupérerez jamais les droits de cotisation sur les sommes retirées. Renseignez-vous auprès de votre conseiller financier si vous planifier utiliser votre REER de manière non orthodoxe.
Vous ne savez pas encore ce que vous ferez de votre REER? C’est très correct aussi! Ça ne devrait pas vous empêcher d’y cotiser. Vous pouvez le faire toute l’année par versements automatiques. En effet, si vous avez déjà une bonne idée de votre revenu annuel, inutile d’attendre en fin d’année pour déterminer le montant optimal de cotisation.