Comment investir avec peu de moyens sans se faire voler

An artistic black and white photograph depicting individuals traveling on a subway, illustrating the dynamic nature of city life.
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Table des matières

    Le système financier est généralement bien mal fait pour les petits investisseurs.  Les conseillers financiers, qui se présentent sous différents titres, sont rémunérés à honoraires (plus rarement) ou sur leur volume d’affaires (très souvent).

    Le petit investisseur n’a souvent pas les moyens de se payer un spécialiste à honoraires. Par contre, les conseillers qui sont rémunérés à commission (initiale et de suivi) sont forcément plus enclins à mettre les efforts vers les clients plus fortunés ou à fort potentiel, en plus de vendre les produits qui maximisent leur rémunération. 

    Les petits épargnants ont ainsi très peu d’options pour commencer à investir.  Soit ils doivent mobiliser beaucoup d’argent pour une planification à honoraires, soit ils doivent s’en remettre à une institution financière ou un conseiller à commission qui leur vendront des produits en apparence gratuits, mais qui cachent des frais de gestion colossaux quand ils ne vous vendent pas des trucs carrément inutiles pour votre situation.

    Où se cachent les frais?

    Les frais facturés aux épargnants sont aussi diversifiés et nombreux que créatifs:

    • Frais d’acquisition
    • Frais de gestion annuelle
    • Frais de transaction
    • Frais de service
    • Frais de suivi
    • Frais de sortie
    • Frais d’inactivité
    • Frais annuels pour petits portefeuilles (effacés quand on atteint un seuil minimal).

    Tous ces frais n’existent pas simultanément pour chaque type d’investissement.  Cependant, certains de ces frais semblent cohabiter dans les institutions financières et dans les compagnies de fonds mutuels.

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    Comment s’en sortir?

    Les avantages des Fonds négociés en Bourse (FNB) par rapport aux fonds communs sont indéniables. Ici, nous allons les voir plus en détail et regarder comment les utiliser pour vous constituer un riche portefeuille de FNB à un coût pratiquement nul, de façon à commencer à investir dans le marché boursier à l’aide de ces produits.

    Les FNB (Fonds négociés en Bourse)

    Les fonds négociés en bourse (FNB en français ou ETF en anglais) sont de plus en plus populaires.  Ils fonctionnent de manière similaire aux fonds mutuels (voir article précédent) à l’exception qu’il n’y a pas, en règle générale, de gestionnaire qui sélectionne les titres. 

    La plupart des FNB ne font que copier des indices boursiers. Les titres de ces FNB se négocient sur les bourses en direct de la même manière que les actions des entreprises. L’achat peut se faire très facilement à l’aide d’un courtier en ligne, aussi appelé courtier à escompte. 

    En utilisant les services d’un tel courtier, vous devrez payer des frais de transactions pour chaque achat et chaque vente. Ces frais oscillent généralement entre 5$ et 25$, comme vous pourrez le constater en consultant le comparateur de courtiers en ligne de Hardbacon. C’est raisonnable quand on procède à des achats par bloc de 5000$, mais ce serait un suicide financier pour des achats par petites tranches de 100$.

    Les robots-conseillers

    Depuis peu en sol canadien, des compagnies se spécialisent dans la gestion de portefeuilles de FNB gérés par des robots-conseillers. Ces robots (en fait des programmes informatiques) déterminent un profil d’investisseur qui vous convient à l’aide de quelques questions ainsi qu’une pondération de différents FNB selon ce profil.  Ils surveillent ensuite quotidiennement que cette pondération est respectée parmi les différentes classes d’actifs.  Par exemple, si vos titres d’actions américaines montent plus vite que vos titres d’actions canadiennes, le robot va vendre quelques titres américains pour acheter quelques titres canadiens de manière à garder la même proportion globale de chaque type d’investissements tel que décidé au départ.

    Alors qu’aux États-Unis la gestion automatisée est déjà bien ancrée, au Canada, l’avancée est plus timide. Parmi les premières compagnies qui offrent ces services, mentionnons Wealthsimple et Wealthbar. Si vous avez du mal à vous y retrouver, sachez que le comparateur de Hardbacon permet de voir les différences entre les différents robots-conseillers canadiens.

    Même si les robots-conseillers ne sont pas encore très connus au Canada, gageons que la croissance de ces compagnies sera exponentielle dans les prochaines années.  Les frais pour détenir des FNB sont pratiquement nuls puisqu’ils sont gérés, comme nous l’avons dit, essentiellement par des ordinateurs. Certains FNB ont des frais aussi faibles que 0,05% (50 cents par tranche de 1000$ par année) mais généralement, on peut s’attendre à des frais moyens aux environs de 0,35% (et dans certains cas jusqu’à 0,85% pour des FNB qui copient des indices plus complexes ou qui ont de faibles volumes).  Par opposition, les fonds mutuels, qui permettent également aux petits épargnants d’investir de faibles montants chaque mois, ont des frais de gestion moyens de 2,56% chaque année, prélevés à même votre capital.

    Combien ça coûte?

    Comme les compagnies de gestion de portefeuilles automatisée sont relativement nouvelles au Canada, elles sont encore en mode séduction. Normalement, pour ajouter les services d’un robot afin de rééquilibrer quotidiennement votre portefeuille et avoir la tête tranquille, il faut payer entre environ 0,50% de votre capital annuellement en frais de service.  À ces frais de service, il faut ajouter les ratios de frais de gestion des FNB (entre 0,05% et 0,82% tel que vu au paragraphe précédent) qui sont en fait la matière première de la stratégie d’investissement que le robot-conseiller aura bâti pour vous. 

    En moyenne, on parle d’un total d’environ 0,7% de frais pour se prévaloir de ces services.  Toutefois, les 5000$ premiers dollars sont exemptés de frais de service chez les deux compagnies citées précédemment.  Si vous pensez investir un peu plus, sachez que pour chaque référence d’un nouveau client, Wealthsimple ajoute à vous et à votre référence 5000$ supplémentaires de gestion gratuite pour deux ans.

    Il faut toutefois faire attention d’ouvrir son compte soi-même (ou en utilisant un lien promotionnel pour obtenir un bonus) et non pas par l’intermédiaire d’un conseiller financier.  En effet, pour élargir leur clientèle et répondre à l’industrie itinérante, les compagnies de robots-conseillers ont récemment commencé à offrir des commissions de suivi aux vendeurs de produits financiers qui réfèrent leurs services.  Ces commissions représentent la rémunération du professionnel qui vous a référé et le taux varie (à la discrétion du professionnel) entre 0,35% et 1,5% de votre capital, et ce, de façon récurrente chaque année. 

    Votre conseiller aura aussi, de cette façon, accès à une visualisation de votre portefeuille.  C’est un non-sens à mon avis, puisque le principe de base de ces compagnies, c’est justement de confier la gestion à des algorithmes plutôt qu’à des humains. On peut souhaiter un ou l’autre, et avoir de très bons arguments dans les deux cas, mais les deux à la fois, c’est assurément une cause perdue…

    J’attendais la venue au Canada de ce type de produits avec impatience et j’ai ouvert un compte avec Wealthsimple dès les premiers jours dans lequel je mets 100$ chaque mois.  Même si je me considère un investisseur averti et que j’aime bien faire le travail de pondération et mes choix d’investissements, je souhaitais aussi tester le service moi-même pour les personnes que je conseille dans ma pratique. 

    J’ai été agréablement surpris. D’abord, les algorithmes qui décident de la pondération et des investissements suivent essentiellement la MPF (Modern Portfolio Theory) du prix Nobel Harry Markowitz qui a pavé le chemin à la gestion de portefeuille moderne. Ensuite, le nombre de transactions est impressionnant et elles sont effectuées sans le moindre frais.  Dans la dernière année, mon robot-conseiller à effectué 108 transactions gratuitement en plus d’avoir réinvesti tous les dividendes (payés mensuellement par la plupart des FNB).

    J’en arrive à la conclusion que c’est un excellent point de départ pour les jeunes investisseurs au début de leur phase d’accumulation pour participer au marché boursier au meilleur coût.  En plus, il n’y a aucun montant minimum pour ouvrir un compte auprès de plusieurs robots-conseillers.

    Les robots-conseillers encouragent généralement leurs clients à mettre en place un prélèvement automatique afin de déposer des montants dans leur compte à intervalle fixe. Le fait de vous payer en premier, en mettant de côté 10% de votre revenu brut automatiquement chaque jour de paye est une pratique endossée par bon nombre de conseillers, car c’est un bon moyen d’atteindre ses objectifs financiers.

    L’ouverture d’un compte avec Wealthsimple nécessite moins de 15 minutes de votre temps. Il vous suffira de signer «électroniquement» un certain nombre de documents et d’envoyer une image de votre relevé bancaire pour montrer que vous êtes bien propriétaire du compte lié aux prélèvements. Vous aurez le choix d’ouvrir un CELI, un REER ou un compte au comptant (ainsi que la variante conjointe de ces comptes). 

    Ce n’est pas l’objectif du présent article, mais dans le doute, si vous êtes un jeune épargnant, en début de carrière avec un revenu de moins de 35 000$, il y a de fortes chances que le compte le plus profitable pour vous soit le CELI (TSFA en anglais) de façon à conserver votre espace REER pour plus tard tout en profitant de l’accumulation du capital à l’abri de l’impôt. 

    Je profite aussi de l’occasion pour vous mentionner que Wealthsimple n’est disponible qu’en anglais pour le moment. Wealthsimple parle d’une traduction complète avant la fin de l’été et Wealthbar est déjà disponible en français.

    Il y a beaucoup de gens qui prêchent que la gestion active (sélection manuelle de titres) est plus efficace (avant les frais) que la gestion passive avec ses portefeuilles de FNB qui copient des indices. On prétendra que la gestion passive a un effet pervers dans le contexte où elle oblige les compagnies (ou les ordinateurs) à acheter des actions des entreprises qui font partie des indices.  Au fur et à mesure que la demande pour les FNB augmente, la demande pour les compagnies qui font partie des indices sous-jacents augmente aussi, ce qui entraînerait leur prix à la hausse.  S’il est vrai que les FNB sont en très forte croissance, cet effet, bien que théoriquement valable, n’a pas été observé dans la pratique et la recherche récente. 

    Un chroniqueur connu écrivait récemment que 12 fonds mutuels sur 20 dits de gestion active sont en fait des fonds mutuels passifs déguisés.  Plusieurs études démontrent que la gestion active est inefficace.  L’auteur cherchait à établir que ces études étaient biaisées en incluant ces fonds “déguisés”.  Hé bien… si 60% des fonds mutuels avec un ratio de frais de gestion moyen de 2,56% annuellement sont des fonds passifs déguisés, aussi bien acheter de vrais FNB passifs et sauver un peu plus de 2% de frais, ne croyez-vous pas?

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    Frédéric Baillargeon est un entrepreneur. Il a participé au démarrage de différentes entreprises qui génèrent aujourd’hui plusieurs millions de dollars de ventes. Il s’intéresse à la couverture de risques à l’aide des produits dérivés et il s’affaire à démontrer que chacun peut prendre sa situation financière personnelle en main sans trop d’efforts. Il détient un Baccalauréat en Administration des affaires, une formation en finance appliquée, possède un titre de planificateur financier et termine présentement un eMBA à l’UQAM et à l’Université de Paris Dauphine.