Les femmes propriétaires de petites entreprises sont plus durement touchées par la crise économique

Par Louis Angot | Publié le 21 oct. 2022

a woman sitting in a stress mood at a table with a laptop and a cup
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Table des matières

    La pandémie a grandement affecté les femmes en affaire propriétaires de petites entreprises au Canada. Malgré les aides financières temporaires accordées par les différents paliers gouvernementaux, l’inflation et l’incertitude économique demeurent une grande source d’inquiétude pour les entrepreneurs canadiens.

    La situation est d’autant plus difficile pour les femmes en affaire propriétaires de PME. Selon une étude de FreshBooks, les petites entreprises gérées par des femmes ont pris deux fois plus de temps à se remettre des ennuis financiers causés par la pandémie que celles gérées par des hommes. Un rapport de l’entreprise Visa a quant à lui révélé que les PME détenues par des femmes prévoient enregistrer en 2022 une croissance inférieure (2,5 %) à la moyenne d’ensemble des entreprises (6 %). Elles demeurent également moins rentables, à 62 % pour les PME gérées par des femmes contre 70 % pour l’ensemble des entreprises.

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    Des programmes d’aide aux femmes en affaire propriétaires de petites entreprises

    Face à ces défis, la compagnie de cartes de crédit Visa, en collaboration avec le IFundWomen lance une nouvelle ronde de son programme She’s Next, qui vise à soutenir les femmes entrepreneures. D’ici le 25 octobre, les femmes propriétaires de PME peuvent s’inscrire pour courir la chance de gagner une des 10 subventions de 10 000 $ offertes, ainsi qu’une année de mentorat pour les aider à développer leur entreprise.

    « Grâce au programme de subventions She’s Next, nous continuons à soutenir les femmes entrepreneures – qui font face à des défis différents – et nous sommes fiers de les aider dans leur parcours de croissance, d’innovation et de résilience dans le contexte d’affaires d’aujourd’hui, » affirme Stacey Madge, présidente et directrice nationale de Visa Canada.

    Mastercard a elle aussi lancé le 11 octobre une campagne pour venir en aide aux femmes détenant des petites entreprises. L’initiative, intitulée « Recette Secrète », vise tout d’abord à accroître la visibilité des entreprises détenues par des femmes. Elle consiste en une campagne publicitaire à l’échelle du pays ainsi qu’à inciter les entrepreneures à inscrire leur entreprise sur Google Maps avec la mention « dirigées par des femmes » afin d’accroître leur visibilité.

    La campagne comprend également la distribution de cinq bourses de 10 000 $ à des entreprises gérées par des femmes, ainsi que l’invitation à un événement communautaire de réseautage avec des femmes entrepreneures d’à travers le Canada et des dirigeants de Mastercard.

    Un besoin criant de financement pour les femmes en affaire

    Sans surprise, le financement est un aspect important du succès des femmes entrepreneures. Toujours selon l’étude de Visa, huit femmes propriétaires de petites entreprises sur 10 prévoient qu’elles auront besoin d’un soutien financier dans la prochaine année, et 42 % d’entre elles croient ne pas avoir le financement complet nécessaire pour accomplir leurs objectifs au cours des six prochains mois.

    Trouver du financement n’est pas toujours facile. C’est le cas pour Mona Segal, propriétaire de Bak’d by Mona, qui se spécialise dans les biscuits gourmets. Elle prévoyait ouvrir une boutique avec pignon sur rue lorsque la pandémie a frappé, et sans magasin, elle n’a pas pu accéder aux différentes aides financières temporaires du gouvernement. Alors qu’elle fait face à des problèmes d’approvisionnement, elle remarque qu’il demeure encore des barrières dans les sources de financement. « Pour beaucoup des programmes que j’ai consultés, je n’étais pas éligible car je dépassais l’âge limite, et de nombreuses aides visent les jeunes entrepreneurs ou les personnes récemment diplômées », explique-t-elle.

    Samantha Bateman, fondatrice et directrice de l’acquisition de talents chez Integria Consulting et présidente du C.A. de YES Montréal, pointe aussi du doigt que les opportunités de financement privilégient moins souvent des industries typiquement prisées par les femmes. « Par exemple, les métiers plus créatifs comme la bijouterie, ou encore les services de traiteur », précise-t-elle. Selon elle, les femmes ont aussi tendance à être plus conservatrices quand vient le temps de faire des demandes de financement, et peuvent manquer de connaissances en ce qui a trait aux investissements et aux prêts.

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    Soutien et mentorat

    Mona Segal soulève aussi le fait que les femmes entrepreneures doivent souvent jongler entre travail et famille. « En tant que femme et propriétaire d’entreprise, il y a encore des rôles plus traditionnels que nous jouons à la maison. Nous avons besoin d’un système de soutien important, et je me considère extrêmement chanceuse que mon mari et mes enfants, qui sont maintenant adultes, m’aident au quotidien et dans certaines tâches dans mon entreprise. »

    C’est là que le mentorat et le réseautage peuvent aider les femmes entrepreneures à trouver du soutien. Encore faut-il que ceux-ci soient accessibles, alors que de nombreuses femmes ne peuvent se permettre de courir les événements le soir en raison de leurs obligations familiales. Chez YES Montreal, un organisme à but non lucratif qui offre des services pour l’accès à l’emploi et l’entrepreneuriat, des activités de réseautage adaptées aux besoins des femmes sont proposées. « Rencontrer d’autres femmes entrepreneures sur l’heure du lunch, échanger sur les défis rencontrés dans un environnement plus collaboratif est une belle opportunité », explique Samantha Bateman.

    Ces évènements, qui rassemblent des femmes en affaire de différents milieux, permettent de tisser des nouveaux liens professionnels, d’obtenir du support et d’acquérir confiance en soi. « Les femmes propriétaires d’entreprises nous répètent souvent qu’elles manquent de modèles en affaires et de réseaux. On ne peut jamais sous-estimer le pouvoir d’un réseau fort », conclut Samantha Bateman.

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    Louis Angot est rédacteur francophone chez Hardbacon, où il est en charge d’informer les lecteurs des meilleures pratiques en matière de finances personnelles. Après avoir obtenu un diplôme en journalisme et en histoire de l’art de l’Université Concordia, il a étudié 2 ans à Paris en commercialisation de la mode et en journalisme. Passionné d’écriture, il a rédigé pour plusieurs médias, dont Carenews, une entreprise spécialisée en économie sociale et solidaire.