Cosigner le prêt d’un proche : comment donner un coup de main sans y perdre pied

Par Mickael Destrempes | Publié le 26 juil. 2023

Cosigner le prêt d’un proche : comment donner un coup de main sans y perdre pied
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    Un chum, une blonde, un frère, une mère, une bonne amie ou même un voisin… éventuellement, quelqu’un va avoir besoin de votre signature afin d’être accepté pour un financement. Serez-vous enclin à accepter de donner un coup de main ou pas ?

    En théorie et d’un point de vue strictement financier, refuser d’être le cosignataire d’un prêt pour un proche est l’approche à prioriser. Après tout, vous avez beaucoup à perdre et peu à gagner, à l’exception de la satisfaction d’avoir posé un geste charitable. 

    Mais la vraie vie n’est pas toujours une affaire de décisions purement rationnelles et économiques. Des situations font parfois en sorte qu’il est difficile de dire non à un proche dans le besoin. C’est peut-être dans le but d’offrir une seconde chance à un ami après une période précaire ou afin de permettre à un jeune adulte sans historique de crédit d’accéder à du financement. 

    Le cœur a ses raisons comme on dit ! Or, avant d’ajouter votre signature au bas d’un contrat de financement pour quelqu’un d’autre, posez-vous les questions suivantes.

    Est-ce que je rends vraiment service ?

    Sachez que le prêteur exige un codemandeur ou une caution pour se protéger d’un potentiel défaut de paiement de votre proche, l’emprunteur principal. En gros, l’institution financière n’a pas entièrement confiance de retrouver son argent ou de faire un profit. Elle cherche donc à réduire ce risque en se donnant une plus grande marge de manœuvre pour récupérer son dû. En vous ayant comme cosignataire, il sera possible pour la banque, la caisse ou le marchand de vous réclamer les paiements manquants ou le solde complet si nécessaire.

    Une faible cote au dossier de crédit, l’accumulation de retards, l’abus des demandes et un ratio d’endettement défavorable sont généralement les raisons évoquées. Sachant que les banques et les caisses populaires sont des experts en gestion de risque et disposent d’outils sophistiqués pour les évaluer, peut-être ont-ils des raisons valables de refuser d’octroyer un prêt à votre proche ?

    Alors, quand votre ami ne peut obtenir de crédit, car son endettement est déjà élevé ou parce qu’il a manqué plusieurs paiements dans la dernière année, cosigner avec lui risque fortement de contribuer à sa précarité financière. 

    Au lieu de se fier sur vous, votre proche pourrait essayer d’obtenir une carte de crédit spécialement conçue pour les personnes qui cherchent à rebâtir leur crédit.

    Quand donner un coup de main fait plutôt de vous un complice et facilitateur de mauvaises habitudes de consommation, le refus devient le véritable service à rendre. 

    Est-ce que j’ai les moyens de finir par tout payer ?

    Vous croyez en la bonne foi de votre proche et décidez d’y aller de l’avant ? C’est tout à votre honneur !

    Je vous transmets toutefois ce conseil fort utile qu’on m’a donné jadis : « Ne prête pas de l’argent à un ami, si tu n’es pas disposé à le perdre… l’argent et l’ami ! ».

    Ce principe triste, mais très pragmatique, s’applique également à la cosignature d’un financement. 

    Les conditions et les modalités peuvent varier en fonction du contrat, mais généralement, le cosignataire devient conjointement et solidairement responsable de la dette. Le prêteur peut conséquemment réclamer les paiements à n’importe quel des signataires. 

    Quand l’emprunteur principal respecte ses engagements, tout va bien !

    Cependant, s’il commence à cumuler les retards, le prêteur va se tourner vers le co-emprunteur (vous !) pour récupérer les versements. De plus, advenant une faillite de votre proche, vous deviendrez l’unique responsable de la dette. 

    Si votre santé financière n’est pas assez solide pour encaisser ce genre de choc, passez votre tour et laissez la chance à un autre de jouer au bon samaritain. 

    Vais-je avoir besoin de financement bientôt ?

    Même si votre situation financière est en ordre et relativement solide, demeurez prudent si vous entrevoyez d’avoir recours à du financement vous-même sous peu.

    D’une part, si le financement pour lequel vous cosignez s’affiche à votre dossier de crédit, il pourrait avoir un impact sur votre cote. Assurez-vous que votre score est suffisamment élevé (760 et plus) afin de ne pas vous faire jouer un vilain tour quand vous aurez à passer à la banque pour votre emprunt. 

    Évidemment, il est préférabl, voire essentiel, de de garder un œil sur l’assiduité des versements de l’emprunteur principal. Vous ne voudriez pas que ses retards en viennent à apparaître à votre dossier chez Équifax et TransUnion.

    Ayant travaillé en gestion de risque pour une grande institution financière, j’ai vu et entendu de bien tristes histoires. Comme celle d’une jeune étudiante qui a fini par payer le financement d’un mobilier de salon d’un ex-copain qu’elle avait perdu de vue depuis belle lurette. Ou celle d’une mère qui devait payer l’entièreté du prêt personnel de son fils qui s’était dégagé de toute responsabilité en déclarant faillite. 

    Dans presque toutes ces histoires, l’emprunteur avait pourtant juré que le cosignataire n’en entendrait jamais parler!

    Donner un coup de main, c’est bien, mais pas à n’importe quel prix !

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    Avant de passer au web et à l’écriture, Mickaël a travaillé en finance et en immobilier pendant une dizaine d’années. Depuis sa réorientation vers les médias, il a produit des milliers de chroniques, reportages et contenus publicitaires. En 2017, Québecor l’a mandaté pour développer et piloter la plateforme Porte-Monnaie. Le passionné du monde des affaires et de sensations fortes agit maintenant comme Directeur au contenu chez Hardbacon.