Décortiquer la règle des 50/20/30 pour faire un budget efficace

A hand holds coins, pointing to a house. Symbolizing investment, the image depicts financial planning and the aspiration of owning a home.
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Table des matières

    Tout budget qui se respecte vous permet de vivre selon vos moyens et d’éviter de vous endetter. C’est ce que tout le monde souhaite, n’est-ce pas? Pourtant, selon l’Enquête canadienne sur les capacités financières, 1 Canadien sur 6, soit 17 % de la population adulte, dépense plus que ce qu’il gagne et aurait avantage à établir un budget. Pourquoi évite-t-on de le faire? Certains manquent de temps, d’autres d’intérêt, alors que d’autres encore se sentent dépassés par la gestion d’un budget. 

    En matière de budget, il existe quelques méthodes simples pour rester motivé et se payer des petits plaisirs sans compromettre son avenir. Les dépenses sont soigneusement calculées et l’épargne est au rendez-vous. Cela permet de parer aux imprévus, comme un bris d’automobile ou le remplacement d’un ordinateur. Préparez-vous à (re)prendre les rênes de votre avenir financier avec la règle des 50/20/30.

    Faire un budget 50/20/30

    Pourquoi cet ordre, 50/20/30? Quelle étrange suite de chiffres! Il s’agit d’une hiérarchie des catégories de dépenses auxquelles on attribue un pourcentage : l’essentiel, l’épargne et le plaisir. La méthode a gagné en popularité depuis que la sénatrice américaine Elizabeth Warren l’a présentée dans son livre All Your Worth: the Ultimate Lifetime Money Plan, publié en 2006.

    La règle des 50/20/30 vous propose de diviser vos revenus en trois catégories. Les chiffres 50/ 20 et 30 sont en réalité des pourcentages de votre revenu net. 50 % est alloué à vos besoins essentiels, 20 % à votre épargne et au remboursement de dettes, alors que 30 % est réservé au plaisir. Expliquons-les, dans cet ordre.

    Attribuez 50 % de votre revenu aux indispensables

    De quoi ne pouvez-vous pas vous passer? De nourriture, certainement, et d’un toit au-dessus de votre tête. Dans cette catégorie, on inclut les choses dont vous avez absolument besoin :

    • Alimentation (épicerie)
    • Logement
    • Électricité
    • Télécommunications
    • Transport
    • Vêtements de base
    • Assurances (habitation, santé, auto)
    • Soins de santé non couverts par la RAMQ

    Pour ceux qui n’aiment pas trop les chiffres, cette méthode est géniale. Par exemple, prenons un revenu net mensuel de 3 000 $. Combien devez-vous allouer aux dépenses essentielles? Un maximum de 1 500 $, soit la moitié.

    Quelles sont les astuces pour ne pas faire exploser ce 50 %? Apprenez à cuisiner davantage et à acheter des produits en rabais. Certaines viandes sont moins dispendieuses que d’autres et les collations faites à la maison reviennent moins chères que celles qu’on achète en épicerie. Essayez aussi de délaisser la voiture, si vous en avez une, pour privilégier le transport en commun. Une voiture finit par coûter très cher lorsqu’on tient compte de l’essence, de l’entretien et des réparations. Révisez vos polices d’assurances tous les ans et magasinez-en de nouvelles. Utilisez un comparateur de polices d’assurances vie, ou faites de même avec internet et le téléphone, dont les fournisseurs ont la fâcheuse tendance à nous prendre pour acquis et à augmenter leurs prix au fil du temps. Il y a souvent des promotions dont on peut bénéficier en changeant pour un concurrent. Analysez aussi vos besoins en logement, dont la grandeur et la localisation peuvent avoir un impact sur les coûts de chauffage et la nécessité d’avoir une voiture. Si vous êtes propriétaire, comparer votre taux hypothécaire aux concurrents; peut-être ça mérite du refinancement à un taux plus faible. 

    Allouez 20 % au remboursement de vos dettes, à l’épargne et à l’investissement

    Faites-vous partie de ces Canadiens (1 sur 6) qui dépensent plus que ce qu’ils gagnent? Si vous ne connaissez pas la réponse, prenez le temps de faire le calcul. Dépenser sans compter peut rapidement vous mener à une spirale d’endettement. Si vous êtes incapable de rembourser plus que le paiement minimum sur votre carte de crédit, espérons que la règle des 50/20/30 vous aidera à augmenter les sommes allouées à cette catégorie. 20% de votre revenu net devrait aller à : 

    • Épargne
    • Dettes
    • Investissement 

    Rembourser les dettes coûteuses est une priorité. Il s’agit de celles qui ont un taux d’intérêt élevé, comme les cartes de crédit. Un prêt automobile à 0,1 % d’intérêt, c’est pas mal moins pressant. Un autre comportement à développer dès maintenant est la constitution d’un fonds d’urgence. Il s’agit de mettre de côté, dans un compte sécuritaire et d’où vous pouvez retirer de l’argent en tout temps, les sommes nécessaires pour vivre de 3 à 6 mois. Il vous servira si vous perdez votre emploi, par exemple, en vous permettant de ne pas vous endetter pendant cette période. Une fois vos dettes remboursées et votre fonds d’urgence constitué, songez à épargner et à investir dans des placements qui offrent du rendement, par exemple pour votre retraite ou pour des projets à moyen terme.

    Craignez-vous de « trop » économiser et de ne pas vivre pleinement? Personnellement, je crains beaucoup plus de me retrouver sans une cenne à 85 ans et de ne rien léguer à mon enfant! Mais on n’est pas tous faits de la même manière. Le 20 % d’un revenu mensuel net de 3 000 $ représente seulement 600 $. Calculez à combien de dollars équivaut 20 % de votre revenu net et demandez-vous si c’est à votre portée. On y reviendra, mais notons déjà que les pourcentages peuvent être adaptés.

    Gardez 30 % pour vous amuser

    Cette catégorie est pour ceux qui aiment s’amuser. 30 % d’un revenu mensuel net de 3 000 $, c’est 900 $. Pas mal, n’est-ce pas? À moins que vous ayez des loisirs très coûteux, cela devrait suffire. La règle des 50/20/30 n’est pas faite pour siphonner tout le plaisir de votre vie et c’est une des raisons pour lesquelles on l’apprécie. Une fois les dépenses essentielles et l’épargne couvertes, vous pouvez consacrer 30 % de vos revenus à :

    • Vacances et voyages
    • Loisirs
    • Activités physiques 
    • Abonnements 
    • Sorties
    • Alcool (eh non, ça ne fait pas partie de la catégorie « épicerie »)
    • Cadeaux

    À quoi bon épargner pour l’avenir si vous ne prenez aucun plaisir à votre quotidien? On ne vous recommande pas de sacrifier votre vie et votre santé pour mettre de l’argent de côté. Le plaisir est excellent pour la santé mentale, et parfois pour la santé tout court. Par exemple, l’exercice physique est bon pour le corps et l’esprit. Prenez des cours de yoga ou joignez-vous à une équipe de soccer. Vous aimez passer une semaine dans un tout-inclus au milieu de l’hiver? C’est correct, mais budgétisez-le. Netflix, Crave et vos applications préférées vous apporteront aussi un peu de plaisir au quotidien. Mais maintenant que les restaurants et les salles de spectacles vous ouvrent leurs portes à nouveau, vous serez peut-être tenté de multiplier ces sorties. N’oubliez pas que celles-ci sont un peu plus dispendieuses que le divertissement à la maison. Si vous avez suffisamment d’argent pour payer votre loyer et épargner, il n’y a aucune limite à vous imposer en matière de dépenses pour vous détendre et vous amuser. 

    Pourquoi on aime la règle des 50/20/30 ?

    Les indispensables, l’épargne et le plaisir, c’est simple à retenir. Cette règle a l’avantage de fournir un cadre facile d’utilisation tout en rappelant l’ordre des dépenses à prioriser. Les besoins essentiels et l’épargne doivent passer avant les loisirs, et la règle des 50/20/30 vous le rappelle. Avec elle, vous n’avez que trois catégories de dépenses à gérer, en répartissant votre revenu net selon les pourcentages indiqués. C’est donc une excellente méthode pour ceux et celles qui débutent avec l’établissement et le suivi d’un budget. 

    Tout budget vous aidera à réfléchir à vos postes de dépenses et à vos priorités. Par exemple, si vous mettez plus de 50 % dans vos dépenses essentielles, quelle en est la cause? Avez-vous acquis un véhicule au-dessus de vos moyens? Devez-vous prendre un colocataire? Avez-vous inclus dans cette catégorie des vêtements qui relèvent plus du luxe que des items de base?

    On aime aussi la flexibilité de cette méthode. Elle permet de modifier les pourcentages alloués à chaque catégorie. Par exemple, si vous avez beaucoup de dettes à rembourser, inversez le 20 et le 30. Ou encore, si vous vous retrouvez temporairement sans emploi, réduisez votre épargne pour vous concentrer sur les dépenses essentielles. Toutefois, cette flexibilité ne devrait pas servir à justifier une modification permanente où 80 % de votre revenu irait aux indispensables. Si c’est votre situation, il faut plutôt tenter de réviser chaque poste de dépense (alimentation, habitation, transport) pour l’optimiser. Se rapprocher des pourcentages exacts 50/20/30 a pour but de vous offrir un bel équilibre de vie, sans privation, tout en étant responsable face à l’avenir.

    Faire un budget avec la règle des 50/20/30, est-ce pour vous ?

    La méthode 50/20/30, bien que flexible, n’est pas pour tout le monde. La répartition des pourcentages peut être difficile à respecter lorsqu’une personne a un salaire près du seuil de pauvreté, qu’elle est surendettée ou qu’elle vit dans une ville où les logements sont dispendieux. Ces situations font exploser les pourcentages de la catégorie des dépenses essentielles ou du remboursement de dettes. Votre hypothèque ou loyer à lui seul accapare 50 % de vos revenus? Vos dettes sont telles qu’avec 20 %, vous mettrez des années avant de conclure le remboursement? Si vous passez votre temps à modifier les pourcentages du 50/20/30, cette méthode n’est peut-être pas la bonne pour vous. Tournez-vous alors vers d’autres techniques ou vers un organisme qui saura vous aider, comme l’ACEF de votre région.

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    Maude Gauthier est journaliste pour Hardbacon. Depuis qu’elle a terminé son Ph.D. en communication à l’Université de Montréal, elle écrit sur la finance, les assurances et les cartes de crédit pour des entreprises comme les Fonds FMOQ et Code F. Utilisatrice responsable de cartes de crédit, elle peut passer des heures à lire les petits caractères pour bien comprendre leurs avantages. À cause de leur simplicité, elle a développé une préférence pour les cartes avec remises en argent. Après avoir subi des hausses salées avec son ancien assureur, elle peut maintenant affirmer fièrement avoir économisé des centaines de dollars en magasinant ses assurances auto et habitation. Dans ses temps libres, elle lit une multitude de romans et profite du streaming de quelques émissions populaires (et possiblement moins populaires, comme les documentaires animaliers).