La paresse, une alliée ou une ennemie en matière d’investissement?

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Table des matières

    La paresse en matière d’investissement est un défaut et même on insistera, un vilain défaut. Pourquoi soulever cette question? En fait, cette interrogation prend source suite à la publication d’une infolettre de Julien Brault (fondateur de Hardbacon) adressée aux abonnés de son infolettre le 6 mars dernier.

     

    Il y était mentionné que : « D’investir en Bourse n’est pas quelque chose qui demande beaucoup de temps surtout pour ceux d’entre vous qui synchronisent leur compte de courtage à Hardbacon».

     

    Outré, j’ai aussitôt répliqué à ce commentaire affirmant qu’investir sérieusement et efficacement en bourse exigeait bien au contraire beaucoup de temps.

     

    Julien a alors précisé sa pensée en me répondant : « Ça ne prend pas beaucoup de temps, car certains vont se contenter de copier un modèle de portefeuilles de FNB. Mais c’est vrai qu’avec les actions, il faut y mettre un peu plus de temps».

     

    Voilà la nuance importante qui se devait d’être apportée.

     

    Investir dans un portefeuille de FNB 

    Quiconque désirerait investir passivement en Bourse via un simple portefeuille de fonds négociés en Bourse (FNB) n’aurait en fait qu’à y consacrer que quelques minutes afin d’effectuer la transaction d’achat initiale et par la suite de faire preuve de paresse crasse. Hé oui, plus l’investisseur péchera par paresse, plus son rendement s’appréciera. Intéressante approche, avouez!

     

    Investir dans les FNB, c’est en pratique choisir un mode d’investissement passif. Le problème majeur avec la gestion passive est qu’en fait, elle est rarement vraiment passive. En effet, plusieurs investisseurs agissent en girouettes avec la Bourse : ils achètent lors des sommets boursiers et vendent suite aux creux. La gestion indicielle perd son âme lorsque l’adepte change constamment son fusil d’épaule.

     

    Afin de démontrer combien la gestion passive n’est souvent que théorique, simplement se référer au taux de rotation moyen des fonds négociés en Bourse. Il a été établi à 880% par année. (ref : Financial Time édition 11 décembre 2016. Jack Bogle : The lesson we must take from ETF).

     

    Bref, l’investisseur «passif» moyen conserve son FNB moins de deux mois! À titre de comparaison, le taux moyen de rotation des titres de mon portefeuille personnel est de l’ordre de 7% ce qui signifie que je les conserve en moyenne près de 171 mois!

     

    Un taux de rotation élevé engendre rendements plus faibles. Il a été à maintes reprises démontré que les détenteurs d’un FNB ou d’un fonds commun de placement (FCP), n’ont réalisé en fait qu’un rendement annuel moyen de moitié moindre que celui affiché par le fonda concerné. La moitié du rendement se volatilisant dans les manœuvres transactionnelles associées à l’effet girouette.

     

    Par exemple, de 2006 à 2016, le fonds indiciel SPY (FNB représentant l’indice S&P500) a réalisé un rendement annuel de 7%. Notamment, Morningstar a démontré que les détenteurs de ce fond, dans l’ensemble, n’ont réalisé qu’un rendement annuel de 3,5%. La moitié du rendement s’est volatilisé en raison de mauvaises manœuvres transactionnelles de la part des détenteurs.

     

    Ainsi donc, mon ami Julien avait raison de mentionner que dans le cas d’espèce d’un investissement dans un portefeuille de FNB, investir en Bourse n’est pas quelque chose qui demande beaucoup de temps. En fait cela ne demande aucun effort de suivi. On oublie notre investissement pour une décennie et on en retirera potentiellement un rendement annuel composé de l’ordre de 7 à 8 % (moyenne historique à long terme).

     

    Par contre, si ce même investisseur tente de jouer au plus fin avec le marché en adoptant l’approche girouette, il en retirera à peine la moitié de ce rendement. Aussi bien se procurer un CPG de 5 ans à rendement équivalent, et ce, avec capital garanti.

     

    Investir dans un portefeuille d’actions demande du temps

    Julien précise qu’il est vrai qu’avec l’approche investissement dans un portefeuille d’actions individuelles demande un peu plus de temps. Mais c’est combien ce « un peu plus de temps»?

     

    Premièrement, je m’empresse de préciser que pour s’aventurer dans cette solution d’investissement, il est quasi incontournable d’être passionné par la chose. Le temps requis afin d’appliquer sérieusement et efficacement cette approche est si significatif que seule la passion pourra faire en sorte de ne pas trop s’en rendre compte, et ainsi, de persister.

     

    Le second pré requis est de s’assurer d’acquérir les connaissances fondamentales avant de s’aventurer dans la jungle de l’investissement. Il faudra s’assurer de maintenir ses connaissances à jour et de les approfondir, car le monde de l’économie et de la finance n’est pas statique. Cela demande un investissement en temps.

     

    Quoique la passion et la formation soient des éléments fondamentaux en matière d’investissement boursier, d’autres caractéristiques personnelles (telles que la patience, le caractère anti conformiste et j’en passe) entrent en jeu dans le processus menant à la réussite. Il faut encore y mettre le temps requis afin de cultiver ces habiletés. C’est ainsi que l’on parvient à combler ses lacunes comportementales si nuisibles à sa performance.

     

    Je vais utiliser mon propre cas à titre de référence afin d’illustrer combien de temps concrètement je consacre afin d’élaborer et maintenir un portefeuille hautement performant. Dans l’univers des milliers de titres boursiers disponibles, j’en connais en profondeur une quarantaine, j’en connais quand même assez bien une autre trentaine et plus superficiellement une autre trentaine, qui sont quand même sur mon radar.

     

    Que signifie faire un suivi serré de soixante-dix titres et d’en explorer une autre trentaine. Cela signifie que je passe sous ma loupe (lire, analyser, décortiquer, comparer, etc.) les quatre rapports trimestriels ainsi que le rapport annuel pour chacun des 70 titres sous suivi serré. Sans exagérer, cet exercice me demande environ 500 heures annuellement, soit près d’une journée de travail par titre.

     

    Un autre exercice qui se doit d’être effectué en complément au précédent est celui de se tenir bien informé (j’insiste sur le mot bien) sur tout ce qui touche de près ou de loin le monde de l’investissement. Être bien informé est le nerf de la guerre. Il faut notamment lire, beaucoup lire et, de préférence, lire du contenu de qualité.

     

    La lecture d’un livre risque fortement de vous être plus bénéfique que de la lecture d’un chapelet de blogues disponible sur le Web. Néanmoins, on trouve quand même de l’information de qualité sur le Web, mais le problème c’est qu’elle est saupoudrée dans un océan d’informations douteuses.

     

    Être bien informé permet d’avoir le recul nécessaire et permet d’aiguiser son acuité, éléments indispensables lorsque vient le temps de juger des enjeux pouvant affecter nos titres boursiers. En ce qui me concerne, cet exercice n’est pas une corvée, mais un plaisir. Conséquemment, je ne compte pas les heures que je consacre à assouvir ma soif d’information.

     

    Sans hésitation je peux affirmer que dans l’ensemble, je consacre au moins quatre heures par jour, directement ou indirectement, à mon hobby qu’est l’investissement boursier. Est-ce trop? Pas pour moi. Tout est une question de goût et de priorité. J’en connais qui passent autant de temps sur les médias sociaux et sur leur console de jeu vidéo. La passion fait en sorte que je ne me rends même pas compte de l’ampleur du travail. Est-ce que cela pourrait être moins? Surement, en acceptant potentiellement un rendement moindre.

     

    À chacun sa stratégie d’investissement

    Tout ce temps que je consacre à l’investissement est-il profitable? Affirmatif. Ce qui suit vous permettra de l’apprécier à sa juste valeur. Le temps que je consacre à mon portefeuille boursier m’a permis d’ajouter à long terme 6% de rendement comparativement à mon indice référence. Concrètement cela signifie un rendement composé annuel de 13% comparativement à un rendement de 7% pour le marché boursier dans lequel j’évolue.

     

    Ce bref aperçu vous donnera une idée plus précise de cette profitabilité :
    Un montant de 100 000$ investi il y a 30 ans selon la méthode girouette dans un portefeuille FNB procurant un rendement de 3,5 % vaudrait aujourd’hui 281 000$. Certains efforts pour bien peu de choses.

     

    Le même montant investi il y a 30 ans selon la méthode paresse crasse dans un portefeuille FNB procurant un rendement de 7% vaudrait aujourd’hui 761 000$. Zéro effort ou presque pour un gain passablement intéressant.

     

    Enfin toujours ce même montant investi il y a 30 ans selon la méthode anti-paresse de Carl O. Bélix dans un portefeuille d’actions procurant un rendement de 13% vaudrait aujourd’hui 3 912 000$. Important investissement en temps pour un rendement spectaculaire.

     

    Maintenant que vous connaissez les tenants et aboutissants des trois approches d’investissement, choisissez votre camp selon votre niveau de passion ou votre propension à paresser. Force est de constater que la paresse peut aussi bien être une alliée qu’une ennemie en matière d’investissement.

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    Grace à ses succès en investissements boursiers, Carl est aujourd’hui un électron libre menant sa barque sans compromis. Il a œuvré professionnellement dans le secteur de l’énergie pendant plus de trente ans. Jeune, il est accidentellement tombé dans la marmite de potion magique de l’investissement. Ses effets étant devenus permanents chez lui, il en a profité depuis pour «tabasser» outrageusement les professionnels de l’investissement de ce monde, à les faire rougir de honte quant à leurs rendements. Carl tient à préciser qu’il ne détient aucune formation officiellement reconnue dans le domaine de la finance, de l’économie et de l’investissement. S’il tient à conserver l’anonymat, c’est par souci de protéger sa vie privée, car il réfèrera régulièrement à ses propres expériences afin de supporter ses propos.