Six choses que vous devez savoir sur une entreprise avant d’y investir

Par François Deschamps | Publié le 26 juil. 2023

Six choses que vous devez savoir sur une entreprise avant d’y investir
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Table des matières

    À moins que je ne me trompe, si tu veux investir ton argent à la Bourse, c’est pour le faire fructifier. Faire grossir ton pactole. Grow your bacon. L’option la plus simple serait de mettre tous tes placements dans des fonds négociés en Bourse (FNB) qui imitent le marché, de l’oublier là et de commencer de te retirer tranquillement au moment de ta retraite.

    Si par contre tu aimes prendre les choses en main, tu peux aussi choisir les compagnies dans lesquelles te veux mettre ton argent. Si tu fais ça, tu ne fera pas nécessairement plus d’argent, mais c’est quand même possible d’obtenir un rendement plus ou moins semblable au marché si tu te diversifies un peu (entre 10 et 30 compagnies), tu restes patient et tu ne fais pas trop le con.

    Dans ce cas, sois-tu investis en écoutant aveuglément les « précieux » conseils de ta belle-famille et/ou de n’importe qui (« te l’dit! Nortel ça va r’monter! ») ou bien, tu fais tes devoirs toi-même. Si jamais tu préfères l’option 2, voici six petites choses que tu dois savoir à propos d’une entreprise avant d’y investir tes précieux dollars.

    1. Qu’est-ce que la compagnie fait

    C’est presque con comme point, mais il est très drôle de réaliser à quel point certaines personnes investissent sans regarder. « Mon oncle m’a dit que ça allait monter en fou parce que [insérer une raison bidon ici] ». Ok, oui… mais elle fait quoi la compagnie? Elle vend de la crème glacée ou bien elle produit des turboréacteurs pour des navettes spatiales? Elle s’en va où? Quelle est son histoire? Quels sont ses objectifs à long ou à court terme? Est-ce qu’elle vient d’acheter une autre entreprise? Cette entreprise achetée, elle va bien ou c’est un rafiot en ruine?

    Bref, renseigne-toi un peu. Essaye de mieux connaître l’entreprise. Pour ça, je t’invite à aller visiter la section Investisseurs du site internet de la compagnie. On y retrouve tous les rapports annuels qui, à première vue, peuvent sembler très pesants à lire, mais qui regorgent d’une tonne d’information pour toi et ta petite culture personnelle.

    Moi, quand je prête de l’argent à un ami, j’aime généralement savoir qu’est-ce qu’il va faire avec. C’est un peu le même principe ici. Quand j’investis dans une entreprise, je veux savoir ce qu’elle va faire avec mes dollars.

    2. À quoi ressemble son industrie

    Ici, on fait un petit zoom-out sur la compagnie. Elle opère dans quel environnement et dans quelle industrie est-elle? Par exemple, Walmart est dans la vente au détail et alors que Boeing construit des avions, il y a un monde de différence entre les deux.

    Idéalement, il serait intelligent de choisir une entreprise qui opère dans une industrie en croissance, avec du potentiel, bref, rempli d’avenir. Il faut tout de même se méfier. Au début des années 2000, le prix de l’action de n’importe quelle entreprise qui finissait en .com valait des milliards… et la bulle techno a fini par éclater. Garde ça en tête.

    3. Quelles sont les barrières à l’entrée

    Les quoi? Les barrières à l’entrée, chose! Meilleure façon de comprendre, un exemple :

    Prenons la compagnie ferroviaire Canadien National (aka : le CN). Cette compagnie possède 28 200 km de chemin de fer… Combien tu crois que ça coûterait aujourd’hui pour construire 28 200 km de chemin de fer? Probablement des giga-milliards!!!! Je n’ose même pas imaginer le prix de construction pour un seul petit kilomètre. Donc crois-tu que le Canadien National évolue dans un marché avec des grandes barrières à l’entrée? La réponse est assez facile… Oui!

    Les entreprises naissent et meurent au gré des années, mais je peux te dire que celui qui se lève demain matin en se disant qu’il va détrôner le CN de là… il est mieux d’avoir mangé sa Snickers, car ça va lui prendre énormément d’énergie. Il a aussi besoin d’avoir les poches assez profondes, disons.

    Les barrières d’entrée, ça peut aussi être par rapport à la popularité d’un produit. Prenons Pepsi ou Coca-Cola. Ce sont des produits populaires à la grandeur de la planète. Le coût en marketing et en développement de marché serait incroyablement trop grand pour en arriver à faire croire à tout le monde que ta nouvelle liqueur est meilleure que la leur.

    Choisir le leader d’une industrie est une forme de barrière d’entrée. Fais attention par contre, car certains ont tendance à s’asseoir sur leurs lauriers. Tu dois privilégier celui qui va mettre tous ses efforts à accroître tous les jours le fossé qui les sépare de leurs concurrents.

    Idéalement, pour investir à long terme, tu devrais privilégier des entreprises qui ont des barrières à l’entrée élevées. L’entreprise risque moins de se faire charcuter par la concurrence.

    4. C’est quoi sa situation financière

    Ici, je pourrais te lancer une dizaine de ratios à surveiller, mais ça rendrait ma chronique trop longue (et elle l’est déjà…). Ça fera partie d’un prochain texte. Je vais garder ça simple.

    À quoi ressemble la situation financière de l’entreprise? Les revenus augmentent ou diminuent? Les ventes? Et la dette? Est-ce que l’entreprise à un gros ratio d’endettement ou bien aucun dû et des millions de dollars cash.

    Bien sûr, ça peut demander un peu de connaissances en comptabilité pour comprendre tout ça, mais, je te jure, ce n’est vraiment pas sorcier à apprendre. Comme dans tout, c’est juste la première fois qui est plus difficile.

    Personnellement, je cherche des compagnies rentables et en croissance, avec peu de dettes et beaucoup d’argent disponible.

    C’est un peu comme quand tu prêtes de l’argent à un ami. À qui prêtes-tu 100$? À ton ami Keeven qui te demande toujours de l’argent, a cent-mille de dette, une hypothèque et un char neuf ou bien à Tristan, qui a oublié son portefeuille aujourd’hui, a un an de salaire mis de côté, est libre d’hypothèques et roule en minoune? Bien sûr, Keeven va peut-être te rembourser, mais disons que Tristan représente un risque beaucoup plus faible.

    5. Le ratio cours-bénéfice est de combien

    Même si une compagnie est vraiment bonne, ça veut pas dire que tu devrais acheter ses actions à n’importe quel prix. Pour évaluer si une action est abordable, les investisseurs se fient généralement sur le ratio cours-bénéfice, qui permet de voir combien de profits la compagnie fait par rapport au prix de ses actions.

    Tu comprends rien? C’est normal. Explication simple. Prenons l’exemple de l’entreprise B, qui possède 200 000 actions et fait des profits de 100 000 $. Ça fait donc 0,50 $ de profit par action (100 000 $ / 200 000 actions). Disons que l’action se vend sur le marché à 10 $. Son ratio cours-bénéfice (C/B) serait de 20, soit 10$ / 0,50$. En gros, tu payes 20 fois les bénéfices annuels pour l’action que tu achètes.

    En gros, si l’entreprise versait tous ses bénéfices à ses actionnaires (c’est rarement le cas), l’investisseur qui achèterait des actions de la l’entreprise B devrait attendre 20 ans pour que son investissement de départ soit remboursé. C’est long, mais il faut dire qu’il serait encore propriétaire de ses actions, qu’il pourrait vendre ensuite.

    Idéalement tu veux une compagnie avec un ratio bas, disons en bas de 15 ou 20, mais ça ne veut pas dire que tu dois cracher sur toutes les compagnies avec un ratio plus élevé. Un ratio plus élevé peut montrer une certaine surévaluation du titre. Couche-Tard, par exemple, a un ratio C/B de presque 24. Ça peut sembler un peu surévalué, mais est-ce un mauvais choix pour autant? C’est à toi de voir si l’entreprise en vaut le coup. Pour t’aider compare ton entreprise avec ses concurrents dans l’industrie. Pour te donner une idée, le ratio C/B du S&P 500 est d’environ 25 en ce moment (mais il fluctue beaucoup avec les années).

    Le ratio C/B n’est pas un indicateur clair de la performance future d’une entreprise, mais ça peut aider. Des études ont montré que des entreprises avec un ratio plus faible avaient tendance (je dis bien tendance) à mieux performer.

    Ce ratio est donc utile, mais à prendre avec des pincettes. Pour une entreprise avec un ratio entre 10 et 25 tu devras pousser ton analyse plus. Par contre, avec un ratio de 100, je peux te dire que tes chances de succès sont beaucoup plus faibles

    6. L’équipe de direction ressemble à quoi

    Ici, c’est le point le plus dur. Tu dois essayer de voir à quoi ressemble la direction, ceux qui gèrent la business. Dans le meilleur des mondes, tu prendrais le téléphone, appellerais le pdg, irais prendre une bière avec et après tu pourrais dire : oui, ç’a l’air d’un bon gars, il sait ce qu’il fait! Mais puisque tu n’es pas le dirigeant d’un grand fonds de placement qui possède 10 % des actions de la compagnie, et bien, c’est un peu plus dur pour toi d’avoir accès à cet homme. Il faut donc que tu te fies à l’information disponible sur le Web.

    Tu cherches un gars : honnête, franc, ambitieux et guidé par l’objectif d’enrichir ses actionnaires à long terme. La franchise est assez rare dans les hautes sphères de la direction. Tu peux voir ça dans les rapports annuels. Si le rapport annuel est trop optimiste, c’est un signal d’alarme. Tu cherches un gars qui va parler de ses erreurs comme de ses succès. Le meilleur exemple : Warren Buffet. Va lire ces textes dans les rapports annuels de Berkshire Hathaway; il va te dire bien franchement tout ce qui va mal dans l’entreprise.

    Surveille-toi, car il est facile pour un dirigeant d’embellir la réalité pendant un ou deux ans, partir avec une belle grosse prime bien juteuse pour que tout le monde réalise finalement que tout était orienté vers le court terme, car le gars ne voyait pas plus loin que la fin de son mandat.

    Encore une fois, tu confies ton argent à des gens pour qu’ils la fassent fructifier. La moindre des choses, c’est de les connaître un peu et t’assurer qu’ils t’inspirent confiance. Donner son argent à n’importe qui, c’est presque comme le lancer par les fenêtres. Et rappelle-toi toujours que la Bourse ce n’est pas une loterie ou un casino, c’est de l’investissement.

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    François Deschamps est un (très) grand curieux. Il a travaillé en gestion de projet dans la construction un peu partout au Québec. Il croit que c’est toujours mieux de ne pas trop se prendre au sérieux et s’est avec cette attitude qu’il veut aider les gens à s’accomplir financièrement. Il détient un baccalauréat en génie civil et complète présentement un MBA en gestion des entreprises pour le fun et un certificat en planification financière pour ne pas avoir l’air trop niaiseux…