D’endettée à épargnante : survivre avec la PCU a changé ma relation à l’argent

Par Merlin Pinpin | Publié le 26 juil. 2023

The girl relaxes and smiles in the garden of flowers
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Table des matières

    La pandémie de Covid-19 m’a permis de percevoir clairement la précarité de mes finances et de me prendre en main. Même si cette période est derrière nous, j’espère que mon histoire saura vous inspirer.

    Ce n’était pas censé durer. La grosse grippe allait passer. On a peinturé des Ça va bien aller partout dans nos fenêtres pour se soutenir collectivement et se donner des tapes dans le dos, même si on ne pouvait pas se prendre dans nos bras.

    En avril, ne te découvres pas d’un fil… pis n’enlèves pas ton masque!

    J’ai survécu de peine et de misère à la première vague. Mes plans A, B et C se sont volatilisés aussi vite que les cas ont commencé à monter.

    Se faire rattraper par la réalité

    La PCU s’est imposée. Introspection obligée, bilan simple: le problème était à 18 pouces de mon écran. Il aura fallu que la terre arrête de tourner durant une année pour que je réalise que j’ai joué à la roulette russe budgétaire toute ma vie.

    Vivre d’une paye à l’autre, ça rend les douze coups de minuit du jeudi excitants, mais se réveiller en pleine nuit pour calculer si le virement du loyer va être encaissé après que le chômage soit rentré, ce l’est moins. Pendant que les gens se battaient pour du papier de toilette, je roulais mes cennes en fouillant dans les craques du divan.

    À 33 ans, c’est plus inquiétant que séduisant.

    C’est difficile d’accepter qu’on a pas l’argent pour la vie qu’on veut mener. C’est encore plus difficile de réaliser qu’on a pas d’argent pour la vie qu’on mène, aucune économie, une marge de crédit et une carte de crédit loadées. Je ne voulais pas ajouter de la valeur à mon portefeuille, je voulais le magasiner, en cuir végane de préférence. Or, tout à coup, je ne parlais plus de me serrer la ceinture en attendant que ça se place, mais de la vendre sur Market Place pour payer mon compte d’électricité.

    Petit wake up call sur mes années de désinvolture. J’avais vogué de restaurant en bar à vin, de magasinage de vêtements que je ne mettrai jamais en manucure que j’aurais très bien pu me faire moi-même. J’avais booké des voyages beaucoup trop chers pour passer Noël au chaud, juste parce que je le méritais (selon ce que je me disais).

    Ce qui m’arrivait, je le méritais aussi. Je le savais.

    Ce fut une rupture difficile, dire adieu à ma bonne amie la pensée magique. La vérité, c’est qu‘il n’avait pas de trésor infini au bout de l’arc-en-ciel, même si j’y ai cru ben fort. Après avoir calculé mes dettes et mes entrées d’argent, j’ai vécu à rideaux fermés un petit bout. J’avais peur qu’on me charge pour la lumière qui entrait chez nous. J’avais honte.  

    Je me suis résignée, avec mon égo disproportionné, à aller chercher de l’aide. Visiblement, j’étais outillée pour laisser un héritage de honte et de dettes à mes enfants. Ils n’étaient même pas nés et déjà je leur donnais des raisons de me détester.

    Se retrousser les manches

    L’angoisse est partie peu à peu, en même temps que mes dettes, en prenant bien soin de laisser la porte grande ouverte pour de nouveaux verbes dans ma vie; planifier, budgéter, économiser. Tout ce que j’avais trouvé si peu sexy, mais qui m’a apporté plus de bien qu’une délicieuse entrée de fruits de mer avec un verre de Sancerre.  

    J’ai filtré tout le laid que j’ai accumulé durant des années, trouvé des solutions et surtout, arrêté de dépenser de l’argent que j’avais pas. Et que je n’aurais jamais eu parce que je le dépensais plus vite qu’il rentrait, la Lucky Luke du compte épargne.

    Après quelques mois sur la PCU, j’ai réussi l’impensable, j’avais remboursé toutes mes dettes. Je n’étais pas Crésus, mais j’étais pas mal moins cassée et je n’avais plus l’impression de vivre avec les poches trouées.

    Plus tard, je me suis sorti la tête de l’eau, je suis fière détentrice d’un REER et d’un CELI remplis de quelques dollars. Rien pour flasher sur Instagram, mais ô combien rassurant quotidiennement.

    Je me pince en consultant mes placements. Je ne deviendrai jamais gestionnaire de portefeuille, mais je ne redeviendrai jamais la dépensière insouciante que j’ai été non plus. Oui, j’ai longtemps aimé vivre dans l’insouciance, mais la pandémie m’aura appris que j’aime mieux vivre le compte en banque lourd et l’esprit léger.

    Je n’ai jamais manqué de papier de toilette et je ne manquerai plus jamais d’argent.

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    Détentrice d’un BAC en relations publiques de l’UQAM, Merlin a entamé son parcours de rédaction chez Narcity, une collaboration qui dura cinq ans. Elle a également publié des chroniques dans le Journal de Montréal et tenu le rôle de gestionnaire de réseaux sociaux pour l’association de CFA Montréal.