Ce que vous devez savoir sur l’analyse fondamentale pour investir en Bourse

Par Sam Oubadia | Publié le 20 août 2023

stock analysis on the laptop
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Table des matières

    L’analyse fondamentale est l’une des principales méthodes utilisées pour déterminer la valeur intrinsèque ou la juste valeur d’une action. Le processus n’est pas nécessairement destiné à offrir une mesure exacte de la valeur d’une action, mais il vise à outiller les investisseurs sur la notion d’un prix raisonnable. Essentiellement, l’objectif de l’analyse fondamentale est de déterminer si le prix d’une action dans le marché actuel reflète sa valeur réelle. Si le cours actuel de l’action est nettement inférieur à la valeur « juste », l’action pourrait être sous-évaluée et elle serait alors un achat intéressant pour les investisseurs. 

    L’analyse fondamentale est généralement un processus complet qui prend en compte les conditions économiques, les enjeux spécifiques au secteur et, surtout, la situation financière et les perspectives de croissance de l’entreprise en question. Les conditions économiques sont prises en compte puisque lors d’une récession, par exemple, de nombreuses entreprises seront confrontées à des défis qui pourraient se refléter dans leurs résultats financiers. Il est également pertinent de prendre en considération le secteur dans lequel l’entreprise opère. Si l’on prend le cas des sociétés du secteur de l’énergie, les actions d’une entreprise productrice de pétrole auront tendance à sous-performer sur le marché général si le prix du pétrole se déprécie, et ce, peu importe la qualité de la gestion de l’entreprise. 

    La base de la plupart des analyses fondamentales provient des informations publiquement disponibles sur l’entreprise elle-même. Cela inclut les résultats financiers de l’entreprise dans ses états trimestriels, tels que son compte de résultat et son bilan. En plus de ces résultats, les analystes prendront également en compte des facteurs tels que la gestion de l’entreprise, les avantages concurrentiels proposés et les questions de gouvernance, qui indiquent comment l’entreprise traite ses différentes parties prenantes.

    L’analyse technique est une autre méthode utilisée pour calculer la juste valeur de divers titres. Contrairement à l’analyse fondamentale, l’analyse technique s’appuie beaucoup plus sur les tendances des prix du marché et les négociations possibles, comme le volume, afin d’identifier des opportunités d’investissement rentables. Historiquement, l’analyse technique a eu du mal à être acceptée au sein des cercles universitaires. Cependant, elle est très utilisée par certains investisseurs et est particulièrement populaire parmi les analystes qui négocient des produits de base et des devises.

    L’analyse fondamentale demande de faire quelques calculs

    En utilisant les états financiers d’une entreprise, ses résultats trimestriels et les informations fournies par la direction elle-même, les analystes sont en mesure de produire des rapports complets sur l’état de l’entreprise et ses perspectives. Ce sont les principaux outils pour effectuer l’analyse fondamentale d’une action et ils constituent la base pour déduire la juste valeur d’une action. 

    Les analystes examinent plusieurs aspects des activités de l’entreprise afin de les aider à évaluer leur santé financière. Les résultats de cette recherche, souvent affichés dans un large éventail de ratios, offrent aux investisseurs un meilleur aperçu des différentes facettes de l’entreprise telles que sa rentabilité, son niveau d’endettement et sa situation de liquidité. La liquidité fait référence à la rapidité avec laquelle une entreprise est en mesure de respecter ses obligations à court terme. Bien qu’il existe une très longue liste de ratios dans les états financiers d’une entreprise, certains d’entre eux sont considérés comme étant plus fondamentaux par la plupart des investisseurs. Nous vous en présenterons quelques-uns ci-dessous.

    Les analystes et les investisseurs doivent prendre en compte plusieurs perspectives lorsqu’ils examinent ces ratios. En effet, se fier aux résultats d’une seule entreprise peut s’avérer plutôt limitatif. Les ratios d’une entreprise devraient généralement être comparés aux ratios d’autres compagnies ou sociétés ou à d’autres actions du même marché. Par exemple, une société canadienne devrait être comparée à d’autres sociétés cotées sur l’indice composé S&P TSX.


    Les analystes devraient également examiner ces ratios par rapport à ceux des concurrents directs d’une entreprise. Ce qui a du sens puisqu’un investisseur voulant investir dans un secteur en particulier pourrait investir dans n’importe quelle entreprise de ce secteur. C’est en comparant les entreprises d’un même secteur qu’il pourra décider d’investir dans les actions qui, selon lui, offrent le meilleur rendement. Dans le cas de l’industrie des télécommunications par exemple, les investisseurs ont le choix entre plusieurs sociétés cotées au Canada. Cependant, il s’agit d’un secteur où les investisseurs ne sont pas limités au marché national. Ils pourraient tout aussi bien décider d’investir dans le marché américain des télécommunications.

    Quelques détails sur les ratios de valorisation

    L’un des ensembles de ratios que presque tous les investisseurs prendront en compte dans une certaine mesure concerne la valorisation des actions. Cela fait partie intégrante de l’analyse fondamentale. L’intérêt de ces ratios est qu’ils sont faciles à calculer et qu’ils donnent à l’investisseur une idée sur le prix d’une action. Plus le ratio est bas, plus l’action est bon marché. Certains des ratios (ou multiples comme on les appelle souvent) les plus couramment utilisés incluent les suivants : 

    • Ratio cours / bénéfice
    • Ratio cours / valeur comptable
    • Ratio cours / vente

    Il existe également des paramètres qui ne s’appliquent qu’à certains secteurs. Entre autres, il existe des ratios qui ne concernent que les banques. Les ratios mentionnés ci-dessus peuvent cependant être utilisés pour évaluer des entreprises dans presque tous les secteurs. 

    Le ratio cours / bénéfice (CB) est souvent cité et fréquemment rapporté dans le secteur financier. Par exemple, une analyste pourrait parler d’une action avec un ratio CB de 12 et dire qu’elle considère que l’action devrait en fait se négocier à un multiple CB de 15. Cela suggérerait que l’action est sous-évaluée et que les investisseurs devraient l’acheter. Dans cette situation, l’analyste estimerait que le titre pourrait augmenter de 25 % avant d’atteindre sa juste valeur. 

    Certains investisseurs accordent plus d’importance aux multiples de valorisation qu’à toutes autres informations disponibles sur une entreprise ou sur une action pour prendre leur décision d’investissement. Encore une fois, ces ratios sont généralement comparés aux ratios d’autres entreprises du même secteur. Par conséquent, si un investisseur constatait qu’une action se négociait à un prix moins élevé par rapport au prix de l’action de l’un de ses principaux concurrents, il pourrait décider d’acheter l’action avec la valorisation la plus basse. Cet écart de valorisation pourrait persister pendant un certain temps. L’investisseur pourrait décider d’acheter l’action la moins chère en pensant qu’éventuellement l’écart diminuerait : c’est-à-dire que l’action avec le multiple le plus bas verrait son cours augmenter de sorte que sa valorisation rattraperait celle de l’action avec la valorisation la plus élevée.

    Et que dire des dividendes?

    Certains investisseurs accordent une grande importance aux dividendes qu’une entreprise verse à ses actionnaires. Ces investisseurs s’intéressent alors au rendement en dividendes. Ce rendement s’obtient en divisant le dividende annuel par action par le cours actuel de l’action et,  puisqu’il s’agit d’un rapport, le résultat est exprimé en pourcentage. En règle générale, plus le rendement en dividende est élevé, plus l’action est attrayante. Certaines compagnies sont plus susceptibles de verser des dividendes plus élevés. Il s’agit généralement d’entreprises déjà bien établies dont le développement n’est plus très rapide. Autrement, les nouvelles entreprises qui connaissent une croissance rapide, les jeunes compagnies dans le secteur technologique par exemple, peuvent ne pas verser de dividendes du tout. En effet, la direction pourrait juger qu’elle générerait un revenu plus élevé en réinvestissant ses bénéfices dans l’entreprise. 

    Les investisseurs doivent également être conscients qu’un rendement en dividendes qui augmente constamment peut être la fonction d’une baisse du prix de l’action. Une baisse régulière du cours des actions d’une entreprise peut avoir plusieurs raisons, mais c’est souvent le signe que l’entreprise fait face à des défis dans ses activités sous-jacentes. Dans ce genre de situation, même si le rendement du dividende peut sembler très attrayant, il n’est pas inhabituel que la direction annonce finalement qu’elle réduira le dividende. Les investisseurs ne devraient donc pas fonder leurs décisions uniquement sur le rendement en dividendes d’une action.

    Analyse fondamentale des valeurs bancaires

    Avec plusieurs banques cotées en bourse au Canada, le secteur bancaire constitue la composante la plus importante de l’indice S&P TSX. De plus, le secteur bancaire canadien est considéré comme étant très stable et les actions de ces sociétés ont procuré aux investisseurs de très bons rendements à long terme. Dans le tableau ci-dessous, nous examinons de plus près quelques-unes de ces banques en appliquant certains des ratios et des multiples couramment utilisés dans l’analyse fondamentale.

    Bien que les multiples de notre tableau soient pertinents pour évaluer les banques, les investisseurs peuvent ne pas vouloir se fier uniquement aux multiples de valorisation pour acheter ou vendre les actions de notre liste. Les banques citées ci-dessous tentent d’étendre leurs opérations aux États-Unis et dans d’autres parties du monde; le degré de réussite de ces efforts de croissance peut cependant ne pas être pleinement reflété dans les informations fournies ci-dessous.

    Certaines des observations qui peuvent être faites à partir du tableau sont les suivantes :

    Le ratio cours/bénéfice et le multiple cours/valeur comptable de la Banque Royale sont parmi les plus élevés du groupe. Cela pourrait refléter le fait que sa rentabilité plus élevée, comme en témoigne son rendement des capitaux propres plus élevé, lui permette d’atteindre une évaluation plus élevée. De plus, la Banque Royale est la plus grande banque du Canada en matière de revenus et a un excellent historique de croissance des bénéfices. Il n’est pas surprenant que les investisseurs soient prêts à payer une prime pour l’action.

    Le ratio cours/bénéfice de Toronto Dominion est à l’image de celui de la Banque Royale, mais son multiple cours/valeur comptable est inférieur à celui de la Banque Royale. Certains investisseurs pourraient considérer que cette décote en fait l’investissement le plus attrayant entre les deux. La TD a également réussi à développer son réseau aux États-Unis, ce qui en fait l’une des plus grandes banques d’Amérique du Nord en matière de succursales. Le rendement des dividendes de la TD est aussi égal à celui de la Banque Royale. Pour toutes ces raisons, il n’est pas étonnant qu’il s’agisse d’un choix populaire chez les investisseurs canadiens.

    Une autre banque qui se démarque dans notre tableau est la Banque Scotia. Ses multiples cours/bénéfice et cours/valeur comptable sont parmi les plus bas de la liste. Elle affiche également le rendement en dividendes le plus élevé du groupe. La Banque Scotia a une forte présence internationale dans plusieurs marchés à forte croissance en Amérique du Sud. De ce fait, plusieurs considèrent qu’il s’agit d’un bon investissement.

    Bien entendu, les investisseurs canadiens n’ont pas à se limiter aux actions bancaires au Canada. Ils peuvent tout aussi bien décider d’investir dans des banques aux États-Unis ou dans d’autres parties du monde. Ces investisseurs doivent toutefois prendre en considération que l’univers des banques cotées en bourse aux États-Unis est beaucoup plus vaste. Il inclut tout autant les grandes banques qui offrent une large gamme de services financiers que les banques d’investissement, les banques de taille moyenne et les plus petites banques régionales. La réalisation d’une analyse fondamentale sur tous ces éléments exigerait beaucoup de travail de la part des investisseurs.

    Banques canadiennes – comparaison d’évaluation

    Prix au 10 novembre 2021Cours / bénéfice à termeCours / valeur comptable (plus récent trimestre)Rendement des capitaux propres (%) (12 derniers mois)Rendement du dividende annuel à terme (%)
    Banque de Montréal11.11.712.83.0
    Banque Scotia10.51.613.04.4
    Banque CIBC10.41.714.34.0
    Banque royale du Canada11.92.116.93.3
    Banque TD11.91.816.33.4

    Sources: Yahoo Finance, Refinitiv, Morningstar Inc. 

    Cours / bénéfice à terme: Prix du marché par action / bénéfice estimé par action

    Cours / valeur comptable: Prix du marché par action / valeur comptable par action telle que déclarée au cours du trimestre le plus récent

    Rendement des capitaux propres: Revenu net / capitaux propres moyens des actionnaires

     Rendement du dividende annuel à terme: Dividende annuel attendu par action / prix du marché par action

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    Samuel a travaillé comme gestionnaire de portefeuille pendant plus de 20 ans. Il a été directement responsable de la gestion de plusieurs fonds communs de placement qui investissent dans des actions publiques. Samuel a passé une grande partie de sa carrière à vivre et à travailler en Europe. Il a travaillé aux Pays-Bas en tant que gestionnaire de portefeuille pour ING Investment Management. Après son retour au Canada, il a passé une période au sein de la société britannique J. O. Hambro Capital Management, où il a couvert les actions asiatiques. Samuel a passé plusieurs années chez Lorne Steinberg Wealth Management où il faisait partie d’une équipe gérant un fonds d’actions mondiales. Plus récemment, il a travaillé chez Park Capital Management où il a soutenu le comité d’investissement dans la sélection des actions et l’allocation d’actifs. Samuel est actuellement chargé de cours à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia. Dans ses temps libres, Samuel aime passer du temps avec sa famille, lire des ouvrages non romanesques et essayer d’atteindre les objectifs quotidiens de son tracker de fitness. Samuel est titulaire du titre de analyste financier agréé. Il a obtenu une maîtrise en administration des affaires de l’Université Concordia, à Montréal.