PolyFinances: le fonds étudiant qui a toujours battu le TSX

Par Claude Plante | Publié le 29 août 2022

PolyFinances
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Table des matières

    À l’intérieur des murs de l’École Polytechnique de Montréal, un groupe de jeunes s’active fermement autour d’un fonds d’investissement peu connu, mais qui mériterait de l’être davantage.

    Chaque cohorte d’étudiants du fonds d’investissement PolyFinances doit se faire la main, en vue d’un parcours académique et d’une carrière professionnelle. 

    Il faudrait en fait peut-être regarder dans cette direction pour trouver les gestionnaires de portefeuille de demain.

    Un fonds qui bat toujours le TSX

    Pourquoi? Eh bien figurez-vous que ce fonds étudiant a toujours battu le TSX, l’indice phare de la Bourse de Toronto, depuis sa fondation il y a plus de dix ans. Oui, oui, on fait la barbe aux gens de Bay Street! Pas facile de battre un indice… 

    « Oui, nous battons toujours le TSX, reconnaît humblement Léo Lamy-Laliberté, président et coordonnateur PolyFinances. Nous avons même des rendements autour de 40 % depuis cinq ou six ans. Le fonds est d’une valeur d’environ 100 000 $ actuellement. »

    « C’est quelque chose dont nous sommes très fiers. C’est d’autant plus intéressant pour les étudiants inscrits dans ce programme. Nous voulons le faire savoir. Ce n’est pas connu dans le monde de la finance. »

    M. Lamy-Laliberté veut demeurer discret sur la composition du fonds étudiant. Malgré une légère insistance, le jeune homme n’a pas cédé. « Nous ne dévoilons pas la liste des entreprises dans lesquelles nous investissons. C’est comme privé », se contente-t-il de dire. 

    « Nos barèmes sont semblables à ceux du TSX cependant. Le poids sectoriel s’approche aussi du TSX. C’est nécessaire si on veut être en mesure de se comparer. Nous investissons dans l’ensemble des domaines, en gardant un horizon de trois ans pour détenir les titres. Pour l’instant, le fonds est fermé aux investissements externes. L’objectif premier est celui de former des étudiants et nous avons suffisamment de fonds pour sa pérennité. »

    Titres sous-évalués

    Le tout est supervisé par un comité qui se réunit périodiquement pour évaluer le portefeuille et les transactions à effectuer. « Nous visons quand même le long terme, résume le président et coordonnateur de PolyFinances. Nous sommes à la recherche de titres sous-évalués et qui ont la capacité de donner de bons rendements. » 

    « Notre gestion du risque est très rigoureuse. Tous les mouvements sont analysés et scrutés par des experts dans le domaine de la finance. Nous n’avons pas de cryptomonnaie dans notre portefeuille. Nous considérons que ce n’est pas encore bien défini. »

    Comme d’autres, le fonds PolyFinances a souffert de la débâcle boursière observée dans les premiers mois de 2022. Mais une stratégie a porté ses fruits afin de limiter les dégâts, explique encore M. Lamy-Laliberté.

    En résumé, le fonds a pris ses distances face aux titres technologiques. C’était il y a un an environ.

    « Nous ne pouvions évidemment pas prédire une récession. Mais on se doutait que ça pourrait se produire »,  se souvient-il.

    « Dans ce genre de situation, nous avons remarqué que souvent ce sont les titres technos qui souffrent le plus. Nous avons décidé de baisser notre participation dans ce domaine. »

    Finance versus ingénierie

    Mais PolyFinances, ce n’est pas juste un fonds de placement étudiant, enchaîne Lamy-Laliberté. Vous ne l’avez probablement jamais réalisé, mais les ingénieurs peuvent avoir besoin de notions de finance, de même que les financiers ont besoin de se faire copains avec l’ingénierie.

    Toutes les structures et autres innovations mécaniques ou électroniques ont un coût. On doit en tenir compte quand vient le temps de déterminer un prix de vente ou un montant à investir pour financer un projet.

    La tendance en faveur d’un mariage entre ces deux univers est de plus en plus forte. Dans les deux cas, l’importance du calcul est déterminante, même essentielle.

    Comme quoi « tout est dans tout! », comme on dit.

    À l’école Polytechnique de Montréal, on a compris qu’on peut jumeler les deux apprentissages. Le fonds d’investissement étudiant PolyFinances a été créé en 2011. On vise à former une nouvelle génération d’ingénieurs qui ne partent pas en peur quand il est question d’activité boursière, de graphiques et de ratio cours/bénéfice.

    On souhaite que les cohortes, composées d’une vingtaine de membres, soient hautement qualifiées sur le plan technique, en mesure de comprendre les enjeux financiers d’un projet ainsi que d’analyser les forces et faiblesses d’une entreprise technologique en tenant compte de l’environnement économique et commercial. 

    Ils étudient également des méthodes d’évaluation des entreprises en se basant sur des concepts d’économie industrielle afin de gérer un portefeuille d’actions d’une valeur de plus de 70 000 $.

    Un parcours académique pour développer des connaissances financières

    Le parcours PolyFinances permet la mise en œuvre de projets à caractère pédagogique ralliant théorie et pratique. Ce cheminement permet de faire le lien entre les aspects économiques et financiers des entreprises et les technologies propres à chaque génie. Dans un contexte économique dominé par la technologie, l’expertise de l’ingénieur est requise à travers toutes les sphères de l’industrie. 

    Approfondir les connaissances financières des étudiants de Polytechnique Montréal permet de développer des ingénieurs plus complets, capables de comprendre le contexte économique et financier des entreprises impliquées dans leur futur environnement de travail, mentionne l’institution universitaire.

    « C’est différent aujourd’hui comparativement à il y a 50 ans environ, lance Léo Lamy-Laliberté. Nous jumelons la finance et l’ingénierie. » 

    « Nous remarquons que des entreprises du monde de la finance recherchent des ingénieurs. Ceux-ci peuvent donner des conseils précieux dans l’évaluation de projets à réaliser ou lors d’investissements. Leur savoir dans le domaine des infrastructures peut être utile pour déterminer si un projet à financer en vaut le coût. »

    Plusieurs membres de la cohorte, peut-être même la moitié selon Lamy-Laliberté, se dirigent vers le monde de la finance à la fin du programme d’études.

    Comment les étudiants du programme PolyFinances sont-ils choisis?

    Les étudiants de la cohorte sont sélectionnés via un processus avec entrevue. La qualité de la candidature dépend de leurs expériences antérieures, de la qualité de leur dossier académique et de leur intérêt à apprendre la finance. 

    PolyFinances est un programme pour les étudiants de Polytechnique comprenant trois cours de niveau universitaire qui remplacent certains cours du cursus traditionnel d’un étudiant en ingénierie. 

    Le programme de PolyFinances n’est ouvert qu’aux étudiants de Polytechnique de tous les niveaux.

    Cette formation universitaire se donne en trois cours obligatoires d’analyse financière d’entreprises et de marchés de trois crédits chacun, soit Analyse financière industrielle, Technologie et concurrence internationale ainsi que Technologies financières pour ingénieurs.

    Toute cette activité est encadrée par deux profs pour lesquels Léo Lamy-Laliberté ne tarit pas d’éloges. Nathalie de Marcellis-Warin et Robert Normand œuvrent tous les deux au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

    Les membres de l’équipe de PolyFinances sont répartis entre les pôles Communication, Logistique, Logiciel, Financement, Mandats, et Investissement.

    Voyages à l’étranger

    Ils acceptent différents mandats d’étude et d’analyse auprès de firmes privées et publiques. Ces contrats leur permettent de financer des voyages outremer. Un récent périple les a menés en Europe où le groupe a pu décortiquer l’écosystème économique de ce continent et le comparer à celui du Québec. 

    Le prochain voyage pourrait les mener encore plus loin, échappe Léo Lamy-Laliberté. En Asie. « Ce n’est pas encore confirmé », s’empresse-t-il de dire.

    Les membres de la cohorte doivent aussi préparer la Semaine PolyFinances, autrefois connue sous le nom de la Journée Fintech. Il s’agit d’un ensemble d’événements qui ont comme objectif de rassembler la communauté étudiante et professionnelle, afin de découvrir l’écosystème de la finance et des technologies. 

    Des conférences, des activités, des compétitions et des séances de réseautage seront offertes par des professionnels œuvrant dans le domaine. Un vin et fromage ainsi qu’une compétition d’études de cas sont prévues pour clôturer cette activité.

    La plupart des activités organisées par PolyFinances sont ouvertes à tous les étudiants de la Polytechnique. 

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    Claude Plante est journaliste au quotidien La Tribune de Sherbrooke depuis une trentaine d’années. Il s’intéresse au monde de la bourse depuis qu’il est adolescent. Il partage sa passion du vélo sur la page Facebook Le Cycliste du dimanche et son intérêt pour les technologies développées par Elon Musk sur la page Facebook Infos Elon Musk.